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si fécond en ressources. Il s’en ouvrit à Garnier de Saintes et lui communiqua son dessein de résigner ses fonctions d’Administrateur. Garnier de Saintes l’en dissuada. À son sens, un homme droit, honnête, conscient du devoir rempli et du devoir à remplir, doit attendre sa révocation, mais non la prévenir par une démission qui fait le jeu des adversaires et leur laisse la place libre : « Fort de la droiture de tes sentimens, disait-il, lu dois trouver, dans un moment de revers, l’énergie que donne toujours une conscience droite. Arme-toi donc de celle énergie et de cette force de caractère, qui voit, avec le froid de la raison, les événemens qu’il n’a pas amenés. Il n’y aurait qu’un sentiment de découragement, qui pourrait te faire songer à la retraite, et ce n’est pas quand on s’est entièrement dévoué au salut de la patrie qu’un tel sentiment doit trouver aujourd’hui accès en notre âme. Raidis-toi donc, mon ami, contre les difficultés et les obstacles, et termine ta carrière comme tu l’as commencée. »

De si sages avis firent patienter la résolution de Clément de Ris, mais ne la changèrent pas. Seulement, il s’ingénia à ne pas perdre le bénéfice de la notoriété qu’il s’était acquise, et que son arrestation comme son acquittement avaient accrue en y ajoutant la consécration du martyre. Il chercha une compensation. Il allait l’avoir dans la place de membre de la Commission d’instruction publique créée en Germinal, et à laquelle il fut appelé le 24 floréal (13 mai 1794). Il se flattait de trouver là le calme et la sécurité dont ses fonctions politiques en Indre-et-Loire n’autorisaient plus l’espérance. Cette fois encore l’avenir allait tromper son attente.


CHARLES RINN.