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votre voyage en Grimée m’a bien tranquillisée, parce qu’il y avait bien des causes d’alarmes en vous voyant partir si loin et exposé à tant de dangers. Mais, bien que l’absence de Votre Majesté en Crimée soit toujours une grande perte pour les opérations vigoureuses dont nous sommes convenus, j’espère que leur exécution n’en sera pas moins vivement poussée par nos deux Gouvernemens.

Le Prince me charge de vous offrir ses plus affectueux hommages, et nos enfans, qui sont bien flattés de votre gracieux souvenir, et qui parlent beaucoup de votre visite, se mettent à vos pieds.

Avec tous les sentimens de sincère amitié et de haute estime, je me dis, Sire et cher frère, de V. M. I. la bonne sœur.


La reine Victoria au roi des Belges.


Buckingham Palace, 1er mai 1855.

Mon très cher oncle,

L’attentat[1]contre l’Empereur vous aura peiné autant que nous ? Il m’a indignée d’autant plus que nous avions veillé sur lui avec tant de soin pendant qu’il était avec nous.

Nous apprenons qu’en France cette tentative criminelle a produit une immense sensation, et beaucoup de ses ennemis politiques, dit-on, l’acclamèrent chaleureusement quand il rentra aux Tuileries. Comme vous le dites, il est très personnel, et il est certain que l’amabilité qu’on lui témoigne, à lui personnellement, produit un effet durable sur son esprit particulièrement sensible à l’affection. Un autre trait de son caractère est qu’il ne fait pas de phrases, et ce qu’il dit est le résultat de profondes réflexions. Je vous envoie ici (tout à fait confidentiellement) la copie d’une lettre fort cordiale qu’il m’a écrite et qui, j’en suis sûre, est parfaitement sincère. Il a été beaucoup plus touché de la manière simple et aimable dont nous les avons traités tous deux que des hommages et de la pompe extérieure.

Veuillez me la retourner quand vous l’aurez lue.

Je suis sûre que l’Impératrice vous plaira ; et ce n’est pas tant qu’elle soit très belle, mais elle a énormément de grâce, d’élégance, de charme et de naturel. Ses manières sont exquises, elle

  1. Un Italien, Giacomo Pianori, tira deux fois sur lui, le 29 avril, aux Champs-Elysées où il se promenait à cheval ; l’Empereur ne fut pas blessé.