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millions et demi et trois millions, mais le premier rang appartient au commerce anglais. Les Allemands ne se bercent pas de l’espoir qu’ils pourront supplanter, dans le golfe Persique, les marchandises anglo-indiennes, mais ils ont tenu à affirmer, dans ces parages, que lord Curzon proclamait mer britannique, leur existence comme puissance maritime et commerciale.

L’énumération de toutes ces lignes nouvelles, dont les mailles serrées couvrent toute la Méditerranée et enserrent l’Empire ottoman, donne une idée impressionnante de l’activité des Allemands, des sacrifices qu’ils font pour se tailler leur part dans le commerce maritime du Levant : il ne faut pas cependant se faire illusion sur les résultats. Les Allemands ont fait des efforts considérables : partis de rien, ils sont devenus quelque chose ; mais ils sont encore bien loin du premier rang qu’ils convoitent. Le tableau suivant en fait foi :

ANNÉE 1321 (14 MARS 1905 — 13 MARS 1906).


Rang Pays Tonnage Proportion
1 Angleterre 13 763 000 tonnes 28, 8 du total
2 Autriche- Hongrie 7 389 000 — 15,4 —
3 Grèce 7 338 000 — 15,3 —
4 Empire ottoman 4 970 000 — 10,4 —
5 France 3 687 000 — 7,7 —
6 Italie 3 626 000 — 7,6 —
7 Russie 3 048 000 — 6,3 —
8 Allemagne 1 678 000 — 3,5 —
9 Hollande 524 000 — 1,1 —
10 Roumanie 444 000 — 0,9 —[1]

La part de l’Allemagne est encore faible ; mais si l’on considère que, huit ans auparavant, elle était nulle, on est obligé de convenir que c’est elle qui a fait les plus grands progrès et les plus rapides ; — et elle ne paraît pas sur le point de s’arrêter.

L’accroissement du commerce a marché plus vite encore que le développement des services de navigation dont il justifie et explique la multiplication. On a trop souvent et trop bien exposé[2] les raisons de l’essor commercial du peuple allemand

  1. Extrait de l’excellent Bulletin de la Chambre de commerce française de Constantinople, n° du 31 mars 1907. Nous citons une fois pour toutes ce recueil où nous avons puisé une partie des renseignemens économiques qu’on trouvera ici.
  2. Par exemple, M. Georges Blondel (L’Essor industriel et commercial du peuple allemand. Paris, Larose, 3e édition).