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puisse recevoir est la lettre que Votre Majesté a eu la bonté de m’adresser, tant en son nom qu’en celui du Prince son époux. L’expression de la part que vous prenez tous deux à mon malheur, et de l’intérêt que vous continuez à me porter, m’a vivement ému, et, quelque douloureuse qu’en soit l’occasion, qu’il me soit permis, Madame, de vous en remercier et de dire à Votre Majesté que mon cœur et mes sentimens pour elle sont et seront toujours les mêmes, que ceux que j’étais toujours si heureux de lui manifester à Windsor et au château d’Eu.

Je prie Votre Majesté de vouloir bien être auprès du Prince son époux l’interprète de toute ma sensibilité. La Reine est bien touchée de ce que Votre Majesté m’a chargé de lui témoigner et je la prie de croire que je suis toujours, Madame ma bonne sœur, de Votre Majesté, le bon frère.


Le roi des Belges à la reine Victoria.


Laeken, 12 janvier 1848.

Ma très chère Victoria,

Un de mes messagers allant en Angleterre, je saisis cette occasion pour vous écrire quelques mots. Votre aimable lettre au pauvre Roi est un acte dont je vous remercie du fond de mon âme, car il en a été très heureux. J’étais encore dans ses appartemens, — où la famille a déjeuné et dîné jusqu’à présent, — quand votre lettre arriva : il en fut si enchanté, qu’il l’embrassa très tendrement. Je l’ai laissé lundi passablement bien, mais avec un assez gros rhume… En France, on a fait preuve de bons sentimens en cette occasion. J’ai entendu dire, par des gens dignes de foi, que même des personnes, qui étaient connues pour ne pas être personnellement très aimables pour le Roi, se disaient très désireuses de voir ses jours préservés. [Quand il ne sera plus là], quand ce triste événement aura lieu, la réaction sera violente en Europe, et toutes les mauvaises passions, qui sont contenues par lui, essaieront naturellement de l’emporter. La Reine est très affectée de tout ceci, et pense beaucoup à sa propre fin. Les enfans, y compris la bonne Hélène, ont tous témoigné la plus grande affection à leurs parens, et en particulier, rien ne peut égaler l’attachement ni les attentions du bon Nemours. Ma bien-aimée enfant, [croyez-moi] votre oncle sincèrement dévoué.