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La reine Victoria au roi des Français.


Palais de Buckingham, 3 mars 1848.

Sire et mon cher frère,

C’était une consolation bien vive pour moi de recevoir la bonne lettre de Votre Majesté, qui m’a bien touchée. Nous avons tous été dans de vives inquiétudes pour vous, pour la Reine et toute la famille, et nous remercions la Providence pour que (sic) vous soyez arrivés en sûreté sur le sol d’Angleterre, et nous sommes bien heureux de savoir que vous êtes ici loin de tous ces dangers qui vous ont récemment menacés. Votre Majesté croira combien ces derniers affreux événemens si inattendus nous ont péniblement agités. Il nous tarde de savoir que vos santés n’ont pas été altérées par ces derniers jours d’inquiétude et de fatigue. Albert me charge d’offrir ses hommages à Votre Majesté et je vous prie de déposer les nôtres aux pieds de la Reine, à qui je compte écrire demain. Je me dis, Sire et mon bon frère, de Votre Majesté, la bien affectionnée sœur.


La reine Victoria à la reine des Français.


Palais de Buckingham, 4 mars 1848.

Madame,

Votre Majesté aura excusé que je ne vous ai (sic) pas de suite remercié de votre bonne et aimable lettre d’hier. C’est du fond de mon cœur que je me réjouis de vous savoir en sûreté à Claremont avec le Roi. Mes pensées étaient auprès de Votre Majesté pendant tous ces affreux jours, et je frémis en pensant à tout ce que vous avez souffert de corps et d’âme.

Albert sera le porteur de ces lignes ; j’aurais été si heureuse de l’accompagner pour vous voir, mais je n’ose plus quitter Londres.

Avec l’expression de l’affection et de l’estime, je me dis, Madame, de Votre Majesté, la bien affectionnée sœur.