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de banque dans le pays et surtout à l’étranger, de façon à se procurer des ressources par la négociation d’effets à deux ou trois mois d’échéance. Mais les banquiers qui avaient accepté ces traites ne consentirent pas à les renouveler, en présence surtout des restrictions mises par la Banque de France et la Banque d’Angleterre à l’escompte de ce genre de papier. Dès lors, il fallut se rendre à l’évidence : réduire le programme des travaux, diminuer ou supprimer les commandes faites à l’industrie, licencier dans certains cas une partie du personnel. Le contre-coup de cette situation des chemins de fer se fit sentir dans les usines, encore très occupées en vertu d’ordres antérieurs, mais qui voyaient leurs carnets se remplir beaucoup moins vite qu’au cours des deux années précédentes. D’autre part, le renchérissement incessant des capitaux, plus marqué aux Etats-Unis qu’en Europe, ralentissait toutes les activités, la construction en particulier s’arrêtait dans bien des cas, en présence des conditions onéreuses imposées aux emprunteurs sur hypothèques.

Voilà quelques-uns des symptômes avant-coureurs qui se manifestaient ; d’autres s’y ajoutaient qui n’étaient pas moins significatifs, et dont l’un mérite, d’être décrit avec quelques détails : il s’agit d’un métal qui paraît prédestiné à jouer un rôle considérable dans les crises modernes, puisque c’est la seconde fois, en moins de vingt ans, qu’il bouleverse les marchés commerciaux et financiers ; nous avons nommé le cuivre, qui fit l’objet de la célèbre tentative de syndicat mondial de Secretan, et fut la cause indirecte de la suspension de paiemens du Comptoir d’escompte de Paris en 1889. La production du métal rouge a rapidement progressé : de 400 000 tonnes il y a une quinzaine d’années, elle s’est élevée à près de 800 000, c’est-à-dire le double. La consommation a suivi une marche tout aussi rapide, grâce aux applications de l’électricité, aux constructions de navires, aux arméniens de toute sorte qui, en dépit des conférences de la Haye, ne se ralentissent pas. Il a paru un instant à un certain nombre de spéculateurs, et même à des industriels sérieux, que les mines connues et exploitées pouvaient à peine suffire aux besoins de cuivre, et que les cours avaient plus de raison de hausser que de fléchir. Bien que le prix moyen de la tonne pour les dix dernières années ne dépasse guère 1 600 francs, on ne s’étonna pas de voir ce prix monter au printemps dernier jusqu’à près de 2 800 francs, et il ne manqua pas de prophètes