Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 43.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à démolir les vieilles barrières sociales, à supprimer les habitudes archaïques auxquelles les Coréens sont attachés. Il a dernièrement prononcé l’interdit sur ce costume entièrement blanc, le plus bizarre de l’univers, sur ce chignon, hérité des empereurs Ming, où tout fils de Chosen veut exprimer sa fierté de mâle. Résultat : les vêtemens blancs se sont rayés ou tachetés de noir. Avant qu’ils disparaissent, ces habits traditionnels, je veux en fixer le détail, en citant la description pleine d’humour d’un ancien explorateur. Et d’abord, la chaussure ! La semelle tressée de paille de riz protège quelque peu la plante du pied des cailloux rencontrés. Pour les orteils, libre à eux de plonger dans la neige et la boue des rigoureux hivers coréens. En été, ces étranges savates, plus légères que nos souliers, ne peuvent être critiquées que pour les brusques bains de pieds auxquels elles laissent exposés. Au bout de dix lieues environ, il vous les faut jeter. Leur prix modique, — de dix à quinze centimes, — permet d’ailleurs d’en être amplement pourvu. Cependant, il existe des sandales plus chères, confectionnées, soit en chanvre, soit en écorce d’arbre.

Passons aux bas. Ils ne sauraient être tissés de soie, de laine ou de coton. Non ! deux simples morceaux de toile grossière, cousus de manière à se terminer en pointe, et suivant les contours du pied, suffisent à la tâche. Une très ample culotte tient semblablement lieu de pantalon. D’étroites guêtres de toile, fixées sous les genoux, la collent agréablement plissée autour de chaque mollet. Une courte veste abrite le haut du corps. Les gens qui ne travaillent pas de leurs mains endossent en outre un habit aux larges manches, à plis tendus sur les hanches. Revêtu par un paysan, cet habit signifie un voyage ou une visite. Les employés portent encore une redingote de couleur, fendue par derrière. Enfin, dans les grandes solennités, un Coréen s’enveloppe par surcroît dans une redingote aux énormes manches. Bien que le rasoir et les ciseaux ne passent jamais sur la tête des indigènes, les épaisses chevelures et les barbes puissantes n’en sont pas moins rares parmi eux. Les enfans des deux sexes, tressant leurs longs cheveux, les laissent tomber en natte sur le dos. Au moment d’aller chercher sa fiancée, le jeune homme ramène ses cheveux en chignon sur le sommet de sa tête. De son côté, la jeune mariée acquiert, suivant ses moyens, autant de faux cheveux que possible et, les ajoutant à ses tresses naturelles, dis-