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Tunis ; la pacification se fit partout en quelques jours avec la plus grande facilité.

Rarement une conquête eut lieu dans des conditions aussi propices ; il n’y eut même pas de bataille de Tel-el-Kébir. Depuis lors, le calme n’a cessé de régner ; l’a France obtint graduellement l’adhésion au nouveau régime des puissances qui avaient vu avec regret notre prise de possession du pays. Nous dûmes subir, jusqu’à son expiration naturelle en 1896, le traité de commerce italo-tunisien, qui fut, à cette date, considérablement modifié. La Grande-Bretagne renonça, par un arrangement du 18 octobre 1897, au traité de commerce qu’elle avait avec le gouvernement tunisien, moyennant que jusqu’au 31 décembre 1912 ses cotonnades ne pourraient être frappées d’un droit de plus de 5 pour 100 à la valeur au port de débarquement.

Grâce à l’habileté et à la souplesse du premier résident général de France, M. Paul Cambon, le régime du protectorat s’établit et dégagea la France de nombre de soucis ; depuis lors, malgré quelques altérations, on est resté fidèle à l’esprit de ce régime.

La Tunisie devint, dès la première heure, la favorite de l’opinion publique française ; toute la presse, d’une façon continue, chanta ses louanges. Les capitaux français y affluèrent pour les entreprises agricoles, et le pays prit un assez vif essor. Puis, certains mécomptes survinrent ; une série d’années sèches imposa des pertes aux cultivateurs européens ; la mévente des vins s’y joignit qui les atteignit gravement, quoique le vignoble tunisien n’ait pas pris une fort grande extension. Le découragement commençait à se produire, quand la découverte et la fructueuse exploitation de richesses minières donnèrent au pays une impulsion nouvelle. Les mines de calamine ou de plomb et beaucoup plus encore les carrières de phosphates attirèrent et rémunérèrent largement les capitaux, permirent la construction de nombreuses lignes de chemins de fer, auxquelles elles assuraient un ample trafic, facilitèrent le creusement et l’outillage des ports. Des mines de fer, encore inexploitées, se joignent à toutes ces richesses minérales ; c’est sur elles, et plus particulièrement sur les immenses et nombreux gisemens de phosphates, que repose la prospérité actuelle de la Tunisie. A l’heure présente, cette contrée est en plein développement. On construit, sur tous les points de la Régence, des lignes ferrées ; on entame d’énormes travaux pour pourvoir d’eau potable toutes les villes importantes ;