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l’index des restaurans japonais, mise à l’index d’autant plus intolérable qu'elle était accompagnée de menaces de violences contre les biens et contre les personnes. Sur la question scolaire, les Californiens affirmaient très haut leur résolution de ne point céder. Ils n’ignoraient pas, disaient-ils, que la Constitution fédérale oblige les États à respecter dans leur législation particulière les traités conclus par l’Union. Mais ils ajoutaient que le traité Gresham-Kurino leur accordait précisément la liberté dont on prétendait leur enlever le bénéfice. En effet, disaient-ils, l’article 2 du traité portait : « Il est entendu que les stipulations contenues dans cet article et dans le précédent (articles par lesquels le traitement de la nation la plus favorisée est accordé au Japon) ne peuvent en aucune manière affecter l’application des lois qui ont été votées jusqu’ici ou peuvent être votées dorénavant dans les deux pays concernant la réglementation du commerce, l’immigration des ouvriers et les questions de police et de sécurité publique. » D’après eux, la législation scolaire pouvait être assimilée à cette réglementation. Ils invoquaient ce sens d’autonomie si développé dans tous les États américains, surtout dans ceux de l’Ouest. Et M. Metcalf dans ses premières communications au gouvernement ne se montrait pas optimiste. San Francisco était enfiévré. Les protestations des Japonais, résolus à ne pas se laisser assimiler aux Chinois et aux Coréens, excitaient cette haine de race qui, entre les Jaunes, d’où qu’ils viennent, ne veut pas distinguer.

À ce moment, des deux parts, du côté japonais comme du côté américain, on essaya, dans un dessein d’apaisement, de faire appel à l’opinion. Le 30 octobre, M. Kurino, ambassadeur du Japon à Paris, affirma, tout en exposant les revendications de son pays, que la situation n’était point grave. Un mois après, comme une réponse à cet appel amical, paraissait le message du Président. Il était impossible de concevoir désaveu plus net au fond, dans la forme plus cordial pour le Japon, de la politique californienne. « Il nous faut spécialement, disait M. Roosevelt, nous rappeler nos devoirs envers les étrangers qui sont nos hôtes. C’est le signe certain d’une société peu avancée que d’offenser en quelque manière que ce soit l’étranger entré aux États-Unis sous l’égide de la loi et se conduisant selon la loi. Ces devoirs de bonne hospitalité incombent à tout citoyen américain et spécialement à tout fonctionnaire des États-Unis. Je