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ment d’État avait reçu, — on ne disait pas sous quelle forme, — l’adhésion du Japon au bill sur l’immigration. Le 9 mars, un télégramme de Tokyo rendait compte d’un discours conciliant du vicomte Hayashi, ministre des Affaires étrangères. Le 13 du même mois, le Board of Education de San Francisco retirait les arrêtés prohibitifs. Les poursuites dirigées contre lui étaient interrompues. Le 15, les petits Japs reprenaient leur place dans les écoles. Et le 19, M. Roosevelt faisait entrer en vigueur l’article fermant l’accès des États-Unis aux coolies non munis de passeports pour le territoire continental de l’Union.

C’était la fin de cette grande querelle, — querelle qui, à dire vrai, avait été moins entre les deux puissances intéressées qu’entre le gouvernement fédéral et l’État de Californie ; querelle qui, cependant, avait mis au jour, sous une lumière crue, les raisons profondes et durables du conflit nippo-américain ; querelle enfin dont l’issue était pour les Californiens, en dépit de la haute impartialité du président Roosevelt, un encouragement à persister dans leur politique d’exclusion. M. Roosevelt avait dû le proclamer : il était, de par la Constitution, désarmé en face des États de l’Ouest. Ceux-ci, à coup sûr, ne l'oublieraient pas.

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Le printemps de 1907 marqua cependant un effort réciproque vers une politique de bon et sincère accord. Au début de mai, le baron Ozawa, membre de la Chambre des pairs japonais, alla aux États-Unis pour se rendre compte des causes des difficultés des mois précédens. Sa mission avait un caractère officiel : il en profita pour multiplier les déclarations rassurantes, pour exprimer même l’opinion que la conclusion d’une alliance entre le Japon et les États-Unis serait infiniment désirable. M. Roosevelt et M. Root firent le meilleur accueil à l’envoyé japonais. L’ambassadeur du Japon à Washington se préparait au même moment à se rendre en Californie, où il voulait visiter les sociétés japonaises. Le calme paraissait rétabli.

Cependant, quelques jours après les déclarations optimistes du baron Ozawa, le 21 mai, trois maisons japonaises de San Francisco, un établissement de bains et deux restaurans, furent attaquées par la populace. D’après un document officiel, les émeutiers étaient au nombre d’une cinquantaine environ. A la suite