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exemptés d’impôts ; l’étendue totale des champs de luzerne qui était de 31000 hectares en 1892, était déjà en 1900 de 88 000. C’est l’élevage des chevaux, des bœufs, des buffles et des moutons qui s’est le plus accru ; des animaux reproducteurs ont été importés pour l’amélioration des races indigènes ; des primes sont accordées aux éleveurs qui exposent les plus beaux spécimens. Deux écoles d’agriculture, avec fermes modèles, et cinq haras, s’occupent tout particulièrement de la sélection des races. Des laiteries ont été créées et l’exportation des beurres a commencé. Une section spéciale, au ministère du Commerce et de l’Agriculture, est chargée de la surveillance et de l’application des lois rurales ; le pays est divisé en quarante-quatre rayons agricoles dont chacun est surveillé par un inspecteur : il veille à l’application des lois de police dans les villages, des règlemens concernant le phylloxéra, les graines de vers à soie, etc. ; il a mission d’organiser des cours, des expériences. La Société nationale d’agriculture seconde activement l’action de l’Etat ; elle édite une Revue agricole et de nombreux manuels et tracts destinés à éclairer le paysan bulgare sur ses véritables intérêts.

La question des forêts et du reboisement est capitale pour l’avenir de la Principauté. Les Turcs et, en général, les peuples musulmans apportent partout, avec eux, le fléau du déboisement dont les troupeaux de moutons et de chèvres complètent l’œuvre destructive ; le roc est bientôt dénudé ; le torrent entraîne dans les plaines et jusque dans la mer la bonne terre des montagnes ; il ravine profondément les plaines, il ruine irrémédiablement le pays. La chèvre, si on l’en laissait libre, ferait des contrées les plus fertiles des Saharas dénudés ; elle est le fléau de la péninsule des Balkans, comme de la Grèce, de la Sicile, de l’Espagne et de l’Afrique du Nord ; aucune verdure n’échappe à sa dent. Tout le flanc méridional du Balkan bulgare et le Rhodope ont été déboisés : les montagnes apparaissent de loin nues, âpres et stériles. Au contraire, le flanc Nord du Balkan est couvert de magnifiques forêts de hêtres et de conifères ou d’épais maquis. Le gouvernement s’est préoccupé, dès les premières années de l’indépendance, d’assurer l’exploitation régulière en même temps que la conservation de la richesse forestière.

En 1884 une première loi, suivie d’une seconde en 1889, introduisirent dans le régime forestier la notion nouvelle de