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SOUVENIRS D’ORIENT


Quand je ferme les yeux, ô souvenir, je vois
Une cour de mosquée où le pigeon roucoule
Et, sur le pavé blanc que bigarre la foule,
L’ombre d’un dôme rond et de minarets droits.

Puis c’est le bazar sombre et ses couloirs étroits
Et la boutique où s’offre à mon pied qui le foule
L’éclatante couleur d’un tapis qu’on déroule
Tandis que le marchand calcule sur ses doigts.

Je respire une odeur d’Orient où se mêle
La feuille de la rose au poil de la chamelle,
La graisse qui grésille et le café qui bout,

Et, sur ma langue avide et que le sucre allèche,
Il me semble, ô Damas, sentir encor le goût
De l’abricot confit et de la figue sèche !


LE CASQUE


Que bénie soit la tête qui porte ce casque,
Inscription du casque de Chah-Abbas I.
(British Museum).

Cinquième souverain des sultans Séfévides,
Chah-Abbas a régné sur la Perse. Il fut grand.
Son nom, entre les noms des princes de l’Iran,
N’est pas qu’un écho vain fait de syllabes vides,

Car il bâtit, pour défier les ans rapides,
Mesdjid-i-Chah, mosquée à quadruple liwan ;
Comme au palais d’Achref, au Tchar-Bag d’Ispahan,
Il vit fleurir la rose en ses jardins splendides…