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La nuit tombe. Il revient au port ; la brise est fraîche.
Il songe qu’à son poids on lui paiera sa pêche
D’un bon prix qui bientôt sonnera dans sa main,

Et, dans le ciel, il voit, luisante et métallique,
Déjà, comme un salaire à son travail marin,
Une lune d’argent se lever sur Cyzique.


MÉTAPONTE


Que celui-ci, pasteur, s’occupe de la tonte,
Que l’un soigne la ruche et l’autre le jardin,
Que tel taille la vigne et coupe le raisin,
Qu’un autre encor maîtrise un étalon qu’il dompte,

Que celui-là, du haut de la barque qu’il monte,
Lance le trident, triple ou le filet marin,
Aucun de nos travaux n’est inutile et vain
Et notre effort divers enrichit Métaponte !…

Moi, son rustique fils, et qui tiens l’aiguillon,
Je pousse la charrue et creuse le sillon
D’où la houle du blé déroulera sa nappe,

Et c’est moi qui lui donne, honneur du sol natal,
Pour l’inscrire en symbole aux pièces qu’elle frappe,
Le bel Epi qu’on voit au revers du métal.


LE CROISSANT


La poterne, dans la muraille, ouvre à l’abord
Sa voûte oblique et basse où le pavé résonne,
Et l’antique rempart que le créneau couronne
Veille toujours à pic sur la plaine et le port.

Le palais du Grand Maître est là, debout encor ;
Ici les Chevaliers dont l’Ordre l’environne
Ont leurs nobles logis qu’un blason écussonne.
L’héroïque passé survit en son décor.