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LE CLOITRE


Jadis, quelque rustique et pieux jardinier,
Bêche en main, au soleil inclinant sa tonsure,
A décoré de fleurs et planté de verdure
Ce doux jardin qu’enclôt le cloître familier.

Depuis, enguirlandant l’arcade et le pilier,
A l’abri du vent brusque et de la bise dure,
Du parterre natal jusques à la voussure,
A grimpé le lierre et grandi le rosier.

Mon amour est pareil au jardin de ce cloître
Solitaire où le temps, qui détruit tout, fait croître
Plus vivace la fleur et plus fort le rameau,

Car, à chaque printemps, je vois ma vie éclose,
En son même parfum éternel et nouveau,
Au rosier plus nombreux, d’une plus haute rose.


HENRI DE REGNIER.