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concerne l’Allemagne, les prix de la plupart des objets qu’elle produit ont été soumis à de moindres fluctuations qu’ailleurs et que dans son propre passé : l’action régulatrice des syndicats, qui avait empêché les hausses violentes, s’est opposée avec succès à tout effondrement. Les consommateurs se plaignent d’ailleurs de ne pas profiter de l’abaissement des prix, qui, dans le reste du monde, est la caractéristique des époques de réaction, et font observer que les ententes ont jusqu’ici profité presque exclusivement aux producteurs.


V

Il est difficile de présenter un tableau complet de la situation économique de l’Allemagne, sans parler de ses finances publiques, bien que la question budgétaire soit loin d’être en première ligne parmi celles qui occupent l’opinion, et que les impôts soient infiniment moins lourds chez nos voisins qu’en France. Il n’en est pas moins certain que le budget impérial croît d’année en année, et que ceux des États confédérés, dont la réunion forme l’Empire, suivent la même marche. Nous n’en voulons d’autre preuve que les emprunts à jet continu des divers gouvernemens ; l’Empire et la Prusse en particulier grossissent pour ainsi dire régulièrement chaque année leur dette, dont le chiffre dépasse 4 milliards de marks pour le premier, et 8 pour la seconde. Il est vrai que la valeur des chemins de fer prussiens peut être considérée comme étant au moins double du capital des emprunts, dont le service n’exige pas plus de la moitié du produit net de l’exploitation ; mais un État qui possède et administre 32 000 kilomètres de voies ferrées, ne peut jamais clore son compte de premier établissement ; et c’est là, soit dit en passant, un des argumens les plus forts à opposer au système des chemins de fer d’État. Quant à l’Empire, ses dépenses militaires et surtout navales ne s’arrêtent pas ; on sait avec quelle énergie l’empereur Guillaume veut mettre la flotte allemande au second, peut-être au premier rang parmi celles du monde : les crédits de l’office de la marine augmentent sans cesse. D’autre part, la contribution de l’État aux rentes d’invalidité et de vieillesse est chaque année plus forte. De tous les côtés, les dépenses s’enflent. Le fonds des invalides, constitué, après la guerre de 1870, au moyen d’une partie de l’indemnité