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La seconde catégorie des revenus impériaux, de beaucoup la plus considérable, est celle qui est tirée des impôts. Jusqu’ici, ces impôts ont été exclusivement de la catégorie de ceux que nous nommons indirects, et qu’il est plus exact d’appeler impôts frappant la consommation et la circulation des biens. C’est l’aliment principal du budget, à qui, pour l’exercice en cours, il fournit 1 200 millions de marks, soit 1 milliard et demi de francs. La moitié de cette somme provient des douanes, qui ont un caractère à la fois fiscal et protecteur : les taxes sur un certain nombre de produits étrangers, comme le thé, le café, le pétrole, rentrent dans la première catégorie ; les droits très élevés qui frappent d’une part les objets fabriqués et certaines matières premières, d’autre part le bétail, la viande, les céréales, affirment la politique protectionniste à laquelle l’Allemagne s’est nettement ralliée depuis la fameuse évolution de M. de Bismarck en 1879, et qu’elle n’a cessé depuis lors d’accentuer. Sous le gouvernement du chancelier de Caprivi, des traités de commerce furent conclus avec presque toutes les puissances, ce qui donna à la politique douanière, entre 1890 et 1904, échéance de la plupart de ces conventions, une stabilité et une modération relatives ; mais depuis lors, le relèvement des droits paraît être le programme, dont on s’écarte d’autant moins qu’il aide à alimenter les caisses publiques ; il contribue singulièrement au renchérissement de la vie, et soulève des plaintes très vives parmi les ouvriers et les paysans.

En dehors des recettes douanières, l’Empire perçoit des taxes intérieures sur le tabac, le sucre, le sel, l’alcool, la bière, dont le total atteint un demi-milliard de francs environ. C’est ici que se trouve pour le fisc une sorte de réserve latente, qu’une comparaison de la situation de nos voisins avec la nôtre, si étrangement chargée en ces matières, met bien en lumière. Pour ne parler que du tabac et de l’alcool, ces deux objets ne fournissent guère à l’Allemagne que le tiers des ressources que la France en obtient. Mais de l’autre côté du Rhin on ne paie pas l’impôt aussi aisément que chez nous : les tentatives faites, à diverses reprises, pour établir le monopole des tabacs ou même pour augmenter dans une proportion notable les droits existans, ont échoué.

Les autres impôts impériaux frappent les titres, les effets de commerce, les opérations de bourse, les connaissemens, les