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Tel a été le cas en Allemagne l’année dernière. Le loyer de l’argent s’étant élevé rapidement, les mêmes dividendes se sont capitalisés sur un pied différent. Il est possible et même probable que, dans un certain nombre de cas, ces dividendes baisseront pour l’année en cours et même pour 1909, quoique beaucoup d’entreprises aient constitué des réserves et procédé à des amortissemens qui les ont singulièrement fortifiées et leur permettent d’envisager avec sang-froid quelques années de moindre prospérité. Néanmoins, il serait puéril de contester que l’Allemagne, comme le reste de l’univers et plus que d’autres nations européennes, doit ressentir le contre-coup du ralentissement général des affaires. Elle l’éprouvera précisément en raison de l’importance industrielle qu’elle a prise, du besoin qu’elle a de produire et d’exporter des objets fabriqués, pour payer la nourriture d’une partie de sa population qu’il lui faut faire venir du dehors.

D’autre part, les vices de la politique protectionniste qui renchérit la vie n’éclatent pas tous aux époques de grande activité, parce que les salaires sont alors très élevés et qu’ouvriers, paysans et bourgeois ne s’aperçoivent pas trop cruellement des sacrifices imposés à leur budget par les taxes douanières. Quand les temps redeviennent plus calmes, comme c’est le cas aujourd’hui, le mal apparaît dans toute son étendue. C’est là une des principales difficultés contre lesquelles nos voisins vont avoir à lutter. Mais de là à croire que ces difficultés seront insurmontables, il y a loin. Des richesses minières considérables, un sol fertile dans ses parties occidentale, centrale et méridionale, une multitude de hauts fourneaux et d’usines de toute sorte, un réseau très développé de voies ferrées, de fleuves et de canaux, une flotte commerciale qui ne le cède en qualités nautiques à aucune autre, sont des facteurs puissans de vitalité et de succès. Certes, la nécessité d’opérer des échanges de plus en plus nombreux avec les nations étrangères met, jusqu’à un certain point, l’Allemagne dans la dépendance de celles-ci : mais c’est aussi la preuve de la place prise par elle dans le commerce international. De nos jours, plus un pays a de force d’expansion et rayonne au dehors, plus il dépend des autres, qui, à leur tour, dépendent de lui. C’est le propre du monde moderne de créer ainsi des courans incessans entre les parties les plus reculées du globe. La meilleure politique à suivre n’est pas l’isolement. Le progrès