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LE SOCIALISME MUNICIPAL
EN ANGLETERRE
Á PROPOS DES DERNIÈRES ÉLECTIONS AU CONSEIL DU COMITÉ DE LONDRES

Au mois de mars dernier, Londres procédait à l’élection des membres de son Conseil de comté, de ce Parlement métropolitain qui, institué il y a une vingtaine d’années par-dessus les nombreux petits conseils locaux où se morcelaient l’autorité et la représentation londoniennes, représente et administre presque souverainement la capitale de l’Empire britannique. Et pour la première fois dans les annales de cette assemblée, les « Modérés » infligeaient une éclatante défaite aux « Progressistes » (nous dirions : aux radicaux). Pour la première fois, le socialisme municipal, tout-puissant au Conseil comtal de Londres depuis dix-neuf ans, était battu dans la métropole du Royaume-Uni.

N’était-ce pas, à vrai dire, une curieuse anomalie qui faisait que jusqu’alors les électeurs londoniens, conservateurs en politique et représentés par des députés conservateurs au Parlement de Westminster, n’eussent cessé d’envoyer à l’assemblée de Spring Gardens des édiles de tendances fort avancées, ardens promoteurs du « municipalisme ? » Et n’est-ce pas au reste une anomalie plus étrange encore que, depuis une trentaine d’années, ce soit l’Angleterre, patrie traditionnelle de l’individualisme, de la liberté économique, qui de tous les pays européens ait donné, dans la gestion intérieure de ses grandes villes, l’exemple le plus complet, l’application la plus étendue, de cette tendance qu’on a