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par des procédés ingénieux le lourd engin sur le rivage

Si la pêche constitue une industrie plutôt qu’un sport, la chasse aux oiseaux est le passe-temps des oisifs. L’abbé Marchesi, qui a publié en 1846 une édition de la Trasimenide avec une traduction en vers vulgaires et des notes explicatives, compte vingt-quatre espèces d’oiseaux familiers du lac. Je relève dans la liste le guèbre, le cygne sauvage, le pélican, la perdrix, la corneille et le canard sauvage. Le guèbre, que les Italiens appellent, selon les régions, tuffeto ou suaiso, appartient à la famille des plongeurs ; son plumage épais et chatoyant est recherché dans le commerce. Le chasseur éprouve une jouissance sans égale à poursuivre ce bel oiseau. Il faut choisir une journée sans vent et s’avancer en bateau avec mille précautions. Sur la surface unie des eaux, on aperçoit de loin une tête noire. On profite d’un des plongeons pour se rapprocher vivement et silencieusement de l’endroit où le plongeur a disparu. On le tire au moment où il émerge.


IV

C’est dans la plaine qui s’étend au nord du lac qu’eut lieu, deux cent dix-sept ans avant Jésus-Christ, la bataille qui ouvrit aux Carthaginois le chemin de Rome et leur livra l’Italie centrale.

L’histoire de la seconde guerre punique a été écrite par Polybe avec l’exactitude, la précision, la sobriété qui caractérisent sa manière. Sans s’éloigner sensiblement du récit de son devancier, Tite-Live l’a repris, l’a développé, l’a embelli, s’il est permis de dire que les ornemens du style et les détails pittoresques ajoutent à la beauté de l’histoire. Il paraît hors de doute que l’écrivain latin avait lu, avant de prendre la plume, tous les documens de nature à éclairer son sujet ; on regrette seulement qu’il ne s’appuie pas plus ostensiblement sur des témoignages indiscutables ; on serait heureux de savoir qu’il a eu sous les yeux les écrits de Fabius Piclor. La relation que le grand historien latin nous a laissée au livre XXII de son ouvrage n’en mérite pas moins d’être accueillie avec confiance, quelque partialité qu’il puisse ressentir pour ses compatriotes.

De nombreux critiques, des Allemands surtout, — Nitzsch, Lachmann, Nissen, Peter, — ont, d’autre part, commenté à