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clergé jusqu’en 1802. Trois mois après la signature du Concordat, l’archevêché de Lyon se trouvant vacant, le Premier Consul résolut de l’attribuer à son oncle maternel. Fesch fut sacré à Notre-Dame par le cardinal Caprara, le 15 août 1802. Il ne prit possession de son siège qu’en décembre, fut créé cardinal le même jour que Belloy, au consistoire du 17 janvier 1803, puis envoyé comme ambassadeur à Rome[1]. Fesch était aussi grand aumônier de l’Empire ; c’est dire qu’il résida peu dans sa métropole. Cependant le primat des Gaules restait attaché à ses diocésains. « Il déclara qu’il lui était impossible de descendre du siège de Lyon et qu’il lui fallait le cumuler avec celui de Paris comme avec la coadjutorerie de Ratisbonne. » Le nouvel archevêque de Paris ne reçut pas l’institution canonique, car les rapports entre la Cour de Rome et le gouvernement impérial étaient alors excessivement tendus. Les chanoines demeurèrent donc en possession de l’administration, et lorsque, le 16 juin 1810, Fesch consacra les prêtres de Saint-Sulpice, « il fut bien spécifié qu’il agissait à la demande des vicaires capitulaires, et non comme archevêque de Paris. »

Son Altesse continuait à habiter l’hôtel de la Chaussée d’Antin, et en donnait pour raison qu’elle voulait dans ce quartier « ranimer par de bons exemples le feu sacré de la religion. » — Fesch avait eu une attitude très correcte pendant son épiscopat, et à partir de 1806, il était cité comme un prélat édifiant. — L’Empereur mit fin à l’obstination du cardinal. « Quand j’ai besoin de l’archevêque de Paris, dit-il, je veux le trouver sous les tours de Notre-Dame. » Fesch emménagea dans l’île de la Cité et fit restaurer à grands frais le palais archiépiscopal. Ses goûts dépensiers, si différens de ceux de son prédécesseur, rappellent le faste des prélats de l’ancien régime. Plusieurs millions furent consacrés à l’agrandissement et à l’embellissement de l’Archevêché. Napoléon cédait aux sollicitations de son oncle, avec l’arrière-pensée qu’il établirait un jour dans ce même palais le chef de l’Eglise.

Les troupes françaises occupaient la Ville éternelle depuis 1808. Au décret du 17 mai 1809, « révoquant la donation de Pépin le Bref et prononçant la réunion à l’Empire des États pontificaux, » répondit la bulle d’excommunication du 10 juin :

  1. Chateaubriand devança le cardinal en qualité de secrétaire d’ambassade.