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l’Academie[1], » prononcé au mois de mai 1807, il faisait un éloquent éloge du souverain, de ses victoires et de sa politique.

Maury reçut d’abord la charge de premier aumônier du prince Jérôme, puis fut admis au rang et au traitement de cardinal français en avril 1807. Il brigua la dignité de grand maître de l’Université, mais ne l’obtint pas, non plus que l’archevêché de Lyon qu’il convoitait lors de la nomination du cardinal Fesch au siège de Paris. Le faubourg Saint-Germain ne ménageait pas les épigrammes au prélat qu’il déclarait de commerce intolérable ; Mme de Boigne rapporte dans ses Mémoires ce mot d’une femme d’esprit. Le cardinal, ayant trouvé son portrait chez une ancienne amie, en marqua de l’étonnement en même temps que de la reconnaissance : « — Je vous sais bien bon gré, lui dit-il, d’avoir conservé cette vieille gravure. — J’y ai toujours été fort attachée, Monseigneur, et j’y tiens d’autant plus aujourd’hui qu’elle est avant la lettre »… « Sa figure, son ton, son langage, — continue Mme de Boigne — tout était à l’avenant et aurait choqué dans un caporal d’infanterie. Il faisait des contes d’un goût effroyable[2]. »

Nous ne reproduirons pas ici les nombreuses accusations d’avarice et de gourmandise dont Maury fut l’objet de la part de ses contemporains. M. de Lanzac de Laborie rend justice au prélat en signalant, à côté de « ces travers graves et déplaisans, » les qualités intellectuelles et la « grande bonne volonté » du nouvel archevêque de Paris. Au jugement de Sainte-Beuve, Maury était « un esprit et surtout un talent supérieur dans une nature grossière[3]. »

Le chapitre de Notre-Dame lui conféra, le 16 octobre 1810, les pouvoirs d’administration. Le 20, les chanoines lui adjoignirent comme vicaire général son frère, l’abbé Jean-Jacques Maury. Par un décret du 12 novembre, l’Empereur porta le traitement de l’archevêque à 150 000 francs.

Le cardinal avait écrit au Pape pour solliciter la confirmation de ses nouveaux pouvoirs ; Pie VII répondit « par un bref très sévère, » en date du 5 novembre. Le prisonnier de Savone

  1. Lors de la réorganisation de l’Institut en 1803, Maury n’avait pas été compris dans la deuxième classe. Il dut se représenter en 1807 et fut élu au fauteuil de Target.
  2. Mémoires de la comtesse de Boigne, t. 1, p. 243.
  3. Causeries du Lundi, t. IV.