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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/817

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qu’il en témoignait, au reste, servait à en éloigner l’immense majorité des députés.

La prise d’Anvers, arrivée avant la fin de l’année, consolida le Cabinet et lui donna la force dont il a vécu jusqu’au moment où lui-même s’est divisé. Mais ceci appartient à l’histoire ; je reprends ma spécialité et retourne au commérage.

L’absence de Mlle de Kersabiec allait laisser Mme la duchesse de Berry sans dame autour d’elle. Lui en nommer d’office semblait une aggravation à sa captivité. La Reine s’en préoccupait fort lorsqu’elle reçut de la duchesse de Reggio, — la maréchale Oudinot, — dame d’honneur de Mme la duchesse de Berry, la demande d’aller rejoindre sa princesse.

Rien ne pouvait être plus désirable. Mme de Reggio joint à beaucoup d’esprit un tact exquis des convenances, et elle aurait maintenu les formes les plus dignes autour de la princesse. Celle-ci le savait bien, aussi refusa-t-elle d’accueillir la maréchale.

Elle désigna Mlle de Montaigne, dont la famille éleva des difficultés. Mme de Gourgue s’offrit à son tour et fut repoussée. Mme la duchesse de Berry et la comtesse Juste de Noailles, sa dame d’atour, se refusèrent mutuellement et simultanément.

On en était là de cette négociation, — la Reine désirant vivement une dame sortable auprès de sa nièce sans oser s’en mêler ostensiblement et la princesse ne s’en souciant guère, — lorsque je reçus une lettre de la comtesse d’Hautefort, alors chez elle en Anjou, me demandant, au nom de notre ancienne amitié, de supplier la Reine de l’envoyer à Blaye.

Elle s’engageait à ne prendre part à aucune intrigue, à ne recevoir aucune visite. Elle voulait uniquement se consacrer à alléger à la princesse, dont elle était dame, les longues heures de la captivité. Elle m’aurait une reconnaissance éternelle si je pouvais lui obtenir cette faveur.

Je lui répondis immédiatement combien j’appréciais et je comprenais ses sentimens et ses vœux. Ce qu’elle demandait n’était pas à la disposition de la Reine, mais sa lettre serait mise sous les yeux des personnes aptes à en décider.

En effet, j’en parlai à M. Thiers. Je lui dis, ce que je crois encore, Mme d’Hautefort trop honnête personne pour manquera ses engagemens. La surveillance établie à Blaye, d’ailleurs, serait nécessairement exercée sur elle. Et, avec l’intention, où il