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persévérans dans leurs efforts pour syndiquer les producteurs des divers ordres, réglementer les prix et assurer les débouchés, aidèrent l’industrie à traverser les années difficiles : aussi, lorsque l’oscillation en sens inverse se dessina et que vers 1906 l’activité redevint intense dans toutes les directions, l’Allemagne se trouvait-elle armée de pied en cap et prête à profiter de ce que sa langue désigne du nom de « conjonction, » c’est-à-dire la réunion des divers élémens qui assurent et caractérisent une époque de prospérité. Beaucoup de ses entreprises d’ailleurs, il est essentiel de le remarquer, n’avaient pas cessé, même pendant la dépression, de travailler avec fruit et de distribuer des dividendes à leurs actionnaires. Celui de la « Laura, » grand producteur de charbons, de fer et d’acier en Silésie, n’est pas descendu au-dessous de 10 p. 100 depuis cinq ans. Celui de la Bochumer, l’une des principales sociétés westphaliennes, n’a pas été inférieur à 7 p. 100 depuis 1902, et a dépassé 16 p. 100 l’an dernier. Le Phœnix, autre entreprise minière et métallurgique, a distribué 17 p. 100. Nous pourrions multiplier ces citations. Nous constaterions que le nombre de compagnies puissantes, dotées de réserves considérables, ayant eu la sagesse de pratiquer de larges amortissemens, va en augmentant et que, dans son ensemble, l’Allemagne industrielle paraît de plus en plus capable de dominer les circonstances adverses : 1907 a marqué sous ce rapport un progrès sur 1901. Les défaillances ont été moins nombreuses, et, en dépit de sombres prédictions, le défilé parait franchi. Il est probable que, si le péril aigu est écarté, l’ère des difficultés n’en est pas moins ouverte et se prolongera ; mais il n’y a pas là autre chose qu’un phénomène régulier d’alternance. Les mesures les plus sages, les organisations les plus savantes peuvent en atténuer l’intensité ; elles ne sauraient le supprimer.


II

Parmi les rouages de ce vaste mécanisme, il en est un qui doit nous occuper tout d’abord, parce qu’il a joué et joue un rôle primordial dans l’évolution contemporaine du pays : c’est la banque. Tout le monde parle, et atout propos, de ces établissemens, dont plusieurs rayonnent en dehors même des frontières nationales, après avoir grandi avec une vitesse égale à celle des industries auxquelles ils sont intimement liés. Dès le