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On obtiendrait de meilleurs résultats d’une machine un peu lourde que d’un mécanisme fonctionnant irrégulièrement.

Au cas où la Porte refuserait de donner son approbation à cette combinaison, les membres de la commission financière pourraient l’y encourager en acceptant un poste dans le service ottoman, de concert avec les deux agens civils. Ladite commission des finances exercerait une surveillance sur l’administration de la justice par l’intermédiaire d’inspecteurs chrétiens qui seraient choisis par les puissances et agréés par le Sultan. Ces inspecteurs adresseraient directement leur compte rendu à la commission financière qui pourrait, outre ses charges déjà considérables, arrêter tous les règlemens relatifs au gouvernement local.


Au point de vue de la politique générale, ce qui ressort tout d’abord du projet russe c’est la constatation de la faillite du système de Mürzsteg. Désormais il n’y aurait plus de distinction entre les agens civils et les contrôleurs financiers ; les uns et les autres auraient les mêmes fonctions. Le mandat que l’Autriche et la Russie s’étaient donné, et dont l’Autriche surtout. — la Russie étant occupée ailleurs, — avait dirigé l’exécution, prend fin. En même temps se modifie l’esprit des réformes : les membres de la commission européenne et les officiers chargés de la gendarmerie pourraient entrer dans la hiérarchie des fonctionnaires ottomans ; on chercherait ainsi à « sauver la face » au Sultan et à maintenir le principe de l’intégrité de l’Empire ottoman ; — mais on ferait passer, sous l’étiquette turque soigneusement conservée, les réformes et l’administration européenne. L’inspecteur général serait maintenu ; mais, du jour où il ne dépendrait plus du Sultan de le rappeler, avant l’expiration de ses sept ans, sans l’assentiment des puissances, il serait, en fait, plutôt le délégué de l’Europe que celui du Sultan. Les attributions de la commission financière s’étendraient à toutes les ramifications de la vie publique : le paiement des dîmes, l’agriculture, les routes et chemins ; elle serait chargée de la surveillance de l’administration judiciaire par l’intermédiaire d’inspecteurs chrétiens choisis par les puissances et agréés par le Sultan. L’effectif de la gendarmerie serait augmenté en officiers européens et en gendarmes ottomans ; il serait nécessaire aussi qu’il fût bien spécifié que les officiers européens auraient directement le commandement de la gendarmerie ; c’est certainement dans cette intention que la Russie prévoit, comme l’Angleterre, que les adjoints au général commandant la gendarmerie pourraient entrer au service ottoman. Une excellente