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du culte dans les conseils de tutelle. Enfin la variété des institutions servant à préserver ou à redresser l’enfant. En voici rémunération : la crèche ou garderie de petit enfans (Asyl), l’asile-ouvroir (Arbejdstue ou Fortsettning-Asyl), l’asile d’enfans (Bœrnchjem), l’asile d’observation (Optagelsehjem), l’école industrielle (Dagarbedskole), la maison d’éducation (Opfostringhjem), l’internat correctionnel (Skothjem), etc. Voici deux des plus originales : l’Optagelsehjem, qui n’existe sur une large échelle qu’en Danemark ; c’est une maison où l’on place l’enfant réfractaire ou de nature sournoise pendant des semaines ou des mois, afin de l’observer de plus près, de déchiffrer son caractère et de savoir à quel régime on doit le soumettre. L’école-jardin (trœgaardskole), créée par M. Lindholm, instituteur à Copenhague, est une manière ingénieuse d’intéresser les écoliers à la culture des végétaux en guise de récréation et, en même temps, de leur donner des notions utiles sur les plantes et sur les insectes.

Les plus nombreuses de ces « pédagogies » sont les asiles d’enfans, créés par les sociétés particulières ; il n’y en a pas moins de trente-six, dans tout le Danemark, répartis dans toutes les villes de province. Le premier fut fondé à Copenhague en 1837, sous le titre de « Société pour le sauvetage des enfans négligés. » Tout en gardant leur autonomie, ces divers asiles se sont groupés, en 1894, en une organisation commune, afin de coordonner leurs efforts. Ils comptaient, en 1906, près de 3 000 enfans, en cours d’éducation, pour l’entretien desquels ils avaient dépensé 278 748 couronnes[1]. On aurait pu craindre que la loi du 14 avril 1905, entrée en vigueur en octobre de cette année, en organisant la tutelle officielle des moralement abandonnés, ne nuisît à ces œuvres d’initiative privée. Il n’en a rien été ; cette loi, au contraire, a excité chez ces Sociétés d’asiles pour enfans un nouveau zèle, afin d’être en mesure de fournir aux Conseils de tutelle des asiles bien appropriés aux diverses catégories de pupilles. N’est-ce pas un trait distinctif du Danemark et digne d’être imité par notre pays, que cet appel fait par l’État aux Sociétés d’initiative privée, laïques ou confessionnelles, et cette confiance réciproque des Sociétés et du législateur en vue de la protection morale de l’enfance ?

  1. La couronne vaut environ 1 fr. 38.