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-crates du Nebraska, le 6 avril dernier, il a dénoncé avec vigueur la contrefaçon que les républicains présentent du programme démocratique :

— Les républicains, a-t-il dit, admettent le renforcement des lois contre les trusts. Mais ils ne fournissent pas le moyen de l’obtenir,

» Ils reconnaissent que la réforme du tarif est nécessaire. Mais ils tenaient le même langage naguère. Et cela n’a pas empêché le vote du tarif exorbitant actuellement existant.

» Pour la législation des chemins de fer, pour les relations entre le capital et le travail, même imprécision des solutions.

» Pour la crise financière elle-même, qui apporte un si éclatant démenti à la prétendue « prospérité républicaine, » qu’ont-ils fait ?

» Ils ont laissé s’enfuir les financiers coupables et n’ont trouvé qu’un remède : faire soutenir le marché par le trésor public. Ils n’ont ni mis un frein à la spéculation, ni protégé les déposans.

» En applaudissant aux messages du président, ils se sont condamnés eux-mêmes : car tous les abus dénoncés par M. Roosevelt ont leur source dans la législation votée par les républicains ou encore dans l’absence, à eux imputable, de toute législation. »

Depuis que la Convention républicaine s’est réunie à Chicago, M. Bryan a accentué ses critiques. Dans un article du Commoner, intitulé : En pleine retraite, il a montré que la Convention ne va même pas aussi loin que M. Roosevelt, soit à propos des chemins de fer, soit à propos des impôts, soit à propos de la législation sociale. Sa thèse, c’est que jamais les républicains n’agiront contre les trusts sincèrement et efficacement. Comme M. Bourke Cockran, député démocrate de New York, il dirait volontiers que toutes les grandes réformes sont l’œuvre des démocrates et que les républicains sont mal venus à prétendre se charger d’une besogne qui ne répond ni à leur programme, ni à leur tempérament, ni à leurs habitudes. Très habilement, il utilise d’ailleurs les divisions que la politique du président sortant a provoquées dans les rangs républicains. «Nous avons été battus en 1896, s’écriait-il à Lincoln, parce que nous étions divisés. Aujourd’hui, le seul parti divisé, c’est celui que nous combattons. Nous le battrons comme il nous a battus. »

C’est là le secret de l’avenir. On peut noter cependant que le