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Coblentz, Stumpf, qu’une certaine fougue poussait sans doute à des généralisations faciles, allégua qu’en effet la correspondance publiée par la Civittà dénotait l’effort d’un grand ordre religieux pour exercer une pesée sur le concile, et que des Allemands intelligens avaient le droit d’agir, non moins que les Jésuites. Le manifeste qu’il rédigea circula dans la région de Coblentz, en quête de signataires distingués. Il concluait nettement que la définition de l’infaillibilité n’était pas opportune, et qu’elle risquait d’entraver l’union des Églises. Si d’ailleurs le concile voulait de la besogne, Stumpf lui signalait quatre tâches : rompre avec la conception médiévale d’un État théocratique où la contrainte des lois civiles est mise au service du dogme ; travailler au relèvement scientifique du clergé ; organiser la participation des fidèles à la vie de l’Église ; supprimer l’Index. Un accident fit s’envoler une copie de ce papier dans les bureaux de la Gazette universelle d’Augsbourg. L’évêque de Trêves, mécontent, garda le silence. Stumpf collaborait souvent à la Feuille de littérature théologique, de Bonn : dans cette ville, aussi, l’adresse trouva des signataires, qui l’expédièrent à Melchers, archevêque de Cologne. Melchers répondit qu’il ferait usage de la communication et qu’en promettant soumission, quoi qu’il advînt, aux décrets du concile, ces laïques réjouissaient son cœur d’évêque. En fait, Stumpf oubliera plus tard l’engagement qu’il avait pris, ne retiendra que les avis qu’il avait donnés et, mortifié, il quittera l’Église.

Le manifeste de Coblentz n’avait fait que reproduire, sous des signatures laïques, les idées et les vœux qu’exprimaient volontiers, dans leurs cercles restreints, un certain nombre de professeurs des facultés de théologie ; mais en traitant d’une façon sommaire des questions délicates, il encourait des reproches qui ne lui furent pas épargnés. Les Voix de Maria Laach le discutèrent, avec leur habituelle précision théologique. On accusa Stumpf de provoquer une immixtion des puissances laïques dans les débats conciliaires : il se défendit en observant que la rédaction de l’adresse, qui datait du 23 mars, était antérieure à la publication de la circulaire Hohenlohe. On nota certaines harmonies entre les aspirations de l’école de Munich et celles dont témoignait le manifeste de Coblentz. Stumpf maintint que Doellinger était complètement étranger à la confection du document. Mais l’intrépidité qu’affectaient les manifestans de