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circonspect dans ses paroles et à revenir le plus tôt possible, ce qu’il a fait. Ses généreuses intentions n’avaient pas produit les conséquences qu’il en attendait.

C’est une école qu’il a faite et qui sans doute lui servira. Quoi qu’on en dise, la vieille diplomatie a du bon, et on ne le reconnaît jamais mieux que par comparaison, lorsqu’on voit à l’œuvre des diplomates amateurs, quelque distingués qu’ils soient, — et il ne saurait y en avoir de plus distingués que M. Lloyd George et M. Winston Churchill. Si nous racontons leur aventure, c’est qu’elle a fait grand bruit : avant la révolution marocaine, elle remplissait les colonnes des journaux du monde entier. Nous avons eu aussi, chez nous, des missions officieuses que s’étaient données à eux-mêmes des hommes parfois considérables et toujours pleins d’excellentes intentions, et nous avons estimé que nous nous en tirions à bon compte lorsqu’elles ne gâtaient pas nos affaires et les laissaient en l’état. Il y a là un genre de tentation dont on ne saurait trop soigneusement se garder. Mais nous sommes un pays démocratique où tout a été mis sens dessus dessous à dix reprises différentes depuis un peu plus d’un siècle : qui aurait cru que la traditionnelle et orthodoxe Angleterre nous dépasserait presque dans cette voie, qui n’est pas précisément celle du progrès ?


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.