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LE CONGRÈS DE BERLIN

I
LA GUERRE ET LES PRÉLIMINAIRES DU CONGRÈS


I

Le 31 janvier 1878, au moment où l’armistice signé à Andrinople mettait fin à la guerre entre la Russie et la Turquie, il y avait neuf mois (23 avril 1877) que le chargé d’affaires russe, M. de Nélidoff, avait quitté Constantinople après avoir fait connaître à la Porte la rupture des relations diplomatiques et que le tsar Alexandre, dans un manifeste à son peuple, avait fait connaître la décision prise par lui d’entrer en guerre avec la Turquie « pour arriver à l’amélioration de l’existence des chrétiens d’Orient. »

Le grand-duc Nicolas, nommé commandant en chef des troupes russes, disait, dans son ordre du jour aux troupes, (24 avril) :


Nous sommes appelés à exécuter la volonté du souverain et le saint legs de nos pères. Ce n’est pas pour des conquêtes que nous marchons, c’est pour défendre nos frères insultés et opprimés, pour défendre la loi du Christ...


Donc, une nouvelle croisade, la guerre sainte ?... Pas tout à fait. Le prince Gortschakoff, dans une circulaire aux puissances (7-19 avril), avait cru devoir parler, lui, le langage de la politique réaliste :


Les négociations ayant échoué, il ne reste plus d’autre alternative que de laisser prolonger l’état de choses que les puissances ont déclaré incompatible