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toutes les emplettes que vous aviez bien voulu faire pour moi ; quoique la robe ne fût point à l’usage de ma femme et que la bague fût trop petite, j’aurais gardé toutes les deux, si monsieur votre frère ne m’eût assuré de l’une, comme vous de l’autre, qu’il n’y avait nul inconvénient à les rendre, ce que j’ai supposé pouvoir se faire comme il est juste, en perdant quelque chose sur l’une et sur l’autre. Au reste, je ne peux pas mieux vous prouver que je ne vous crois pas rebutée de mes importunités qu’en vous en donnant encore d’autres, et ce sera, s’il vous plaît, pour le cadeau de Mme Bovier au sujet duquel je profiterai de votre offre, nonobstant que vous ne soyez pas de mon avis à ce sujet ; car ici je ne suis pas non plus du vôtre, et je crois que quand on ne peut ni ne veut payer les soins, vrais ou faux, en reconnaissance, il faut tâcher du moins autant qu’il est possible de ne pas demeurer en reste autrement. Je vous prie donc, cousine, de me faire l’amitié de chercher quelque petit cadeau de goût pour la dite dame, et même de passer plutôt le prix que je vous ai marqué que d’y mettre moins. Vous aurez la bonté de le remettre à monsieur votre frère pour qu’il ait celle de le faire passer à sa destination, et de me donner avis de l’envoi, afin que j’en prévienne M. Bovier.

J’ai eu par diverses occasions de bonnes nouvelles de votre santé qui m’ont rendu plus négligent à vous en demander moi-même. Mais, après avoir eu des nouvelles du départ de votre chère maman, je commence à être en peine de n’en avoir aucune de son arrivée. J’ai prié M. votre frère de m’en donner le plus tôt qu’il pourra.. Si ses occupations l’en empêchent, j’espère que vous voudrez bien remplir ce bon soin pour lui ; d’autant plus que, quoique je sois bien sûr que vous n’êtes point fâchée, je serai pourtant bien aise que vous me le disiez vous-même : car vos lettres sont un remède aussi bon qu’agréable dont mon cœur a souvent besoin.

Je ne vous parlerai plus de la façon dont on me traite ; vous contrister ainsi serait vous rendre le mal pour le bien. D’ailleurs, après avoir bien mis à leur taux les hommes et leurs manœuvres, je sens que je finirai par ne m’affecter plus de rien de ce qui me vient d’eux. Bonjour, chère cousine, ne m’oubliez pas, je vous prie, auprès du cher mari. Mme Renou, dont le cœur est vraiment pénétré de vos bontés pour elle, se joint à