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sur les bénéfices bruts, au profit d’une Caisse locale de solidarité ouvrière, d’une Caisse de développement, et des œuvres de propagande prolétarienne : son fondateur, M. Elie Cathala, recommande la création progressive de la propriété agricole communiste, par l’achat de magasins, caves, celliers, vignobles.

Les vignerons de Maraussan ont institué en 1905 une coopérative de consommation : ils ont aussi une caisse de crédit mutuel, une association pour construire des maisons ouvrières, un syndicat ouvrier, et une coopérative pour la culture de la vigne[1]. Maraussan compte 1 920 habitans presque tous groupés dans le village.

Les vignerons ont réussi à organiser la vente grâce au concours de quelques grandes coopératives socialistes, à établir un chai de répartition à Charenton pour le service des livraisons dans la région parisienne, à se procurer le gros capital que représente une cave de 25 à 30 000 hectolitres. Leur chai coopératif a fonctionné pour les vendanges de 1905 : ils comptent 279 adhérens, et dans l’exercice 1905-1906, ils ont vendu 49 220 hectolitres, soit pour 1 066 644 francs de marchandises. M. Elie Cathala a tenté de créer un type particulier d’après lequel les propriétaires conservent leur indépendance comme producteurs, mais où le prolétariat des villes acquiert une part de propriété et un droit de contrôle : un agent commercial passe les contrats annuels avec les coopératives de consommation qui forment à peu près la seule clientèle des vignerons libres. La coopérative est ouverte aux ouvriers agricoles non propriétaires. Jusqu’ici le succès a couronné l’effort, et les idées de solidarité se sont largement développées.

Des communes voisines, gagnées par l’exemple, ont tenté d’établir des coopératives fondées sur les mêmes principes : Avenir social de Maureilhan-et-Ramejean, les Petits vignerons de Puisserguier, l’Egalitaire de Cébazan, les Vignerons paysans de Bessan. Ces nouveaux groupemens éprouveront sans doute plus de peine à s’assurer des débouchés. Les coopératives de consommation socialistes pourront-elles leur en fournir ? Ce n’est pas sûr. Les coopératives de consommation non socialistes leur viendront-elles en aide ? Rien de plus incertain.

  1. Augé-Laribé, les Coopératives paysannes et socialistes de Maraussan (Hérault), dans Musée social, Documens de mars 1907.