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conforme à ses vrais intérêts. Il m’a envoyé non pour soutenir ses opinions, mais pour exposer les miennes. Ce n’est pas à mon zèle, mais à mes lumières qu’il s’est confié, et l’indépendance absolue de mes opinions est un de mes devoirs envers lui. »

Arracher graduellement les vignes qui ne paient pas, revenir à la qualité trop sacrifiée à la quantité, exécuter le canal d’irrigation dérivé du Rhône, donner aux syndicats agricoles, aux syndicats de défense viticole le droit de se substituer à la régie et aux magistrats du parquet, lorsque ceux-ci refusent d’agir, rien de plus raisonnable assurément. L’action syndicale, voilà le salut, avec des agens spéciaux commis par elle, assermentés et ayant qualité pour opérer des prélèvemens, pour parer à l’insuffisance des fonctionnaires chargés d’appliquer les mesures répressives : une loi toute récente (la loi Cazeneuve) a reconnu ce droit aux syndicats pour tous les produits, en même temps qu’elle confie au ministre, qui devra prendre pour base les usages locaux constans, la détermination des zones viticoles, Champagne, Bordeaux, Bourgogne, etc. Le Syndicat National a déjà obtenu un certain nombre de condamnations ; il organise partout la police viticole, sa direction est confiée à des hommes éminens, son action serait décisive, irrésistible, si es viticulteurs lui fournissaient le nerf de la guerre, une contribution de cinq centimes par hectolitre de vin vendu. MM. Félix Liouville, Roy-Chevrier, Leenhart-Pomier, ont présenté à ce sujet des rapports excellens. Puis des coopératives de crédit, même de vente, multipliées, reliées entre elles par les liens d’une Fédération : l’échec des premières ne doit pas décourager les viticulteurs ; on a trop oublié que l’esprit pratique manque aux assemblées délibérantes, et qu’il fallait avant tout organiser un bon service de courtiers, de représentans, comme cela se passe dans toutes les maisons de commerce. Le vin au soldat, les caves communes, ont aussi leurs partisans : il faut développer la mutualité et le crédit viticoles, et peut-être a-t-il des chances d’avenir, ce projet Bartissol qui voudrait réaliser l’union entre producteurs et consommateurs par le Trust des vins naturels du Midi, par une société au capital de 300 millions de francs, qui achèterait le vin des six départemens du Midi à un franc le degré pendant trente ans : celle-ci transformerait en alcool tout vin avarié ou ne pesant pas 8 degrés, donnerait à crédit aux producteurs engrais, soufre, sulfate de cuivre, leur ferait des avances, construirait