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Comme si, dans le froid silence
El l’obscur frisson des longs soirs,
Y remontaient, en flot plus dense,
Des sèves d’éternels espoirs,

Afin que mon rêve fleurisse
Encor ici-bas, libre et fort,
A moins qu’il ne s’épanouisse
Ailleurs, aux printemps de la Mort.


DERNIERE CONFIANCE


Qui que tu sois, de quelque nom que l’on te nomme
Dans les balbutiemens du verbiage humain,
Dieu, Nature, Destin, Grand Tout, j’irai demain,
Sans peur, me reposer dans ta force éternelle.

Pour te comprendre, en vain courbant mon front rebelle,
J’ai prié, j’ai peiné tout le long du chemin,
Usant des seuls outils que tu m’as mis en main.
Ma raison vacillante et mon instinct fidèle.

L’abîme est trop immense où dort ta volonté
Pour que notre œil débile en perce le mystère.
Mais je ne veux pas croire à ton iniquité,

Et j’attends, ayant fait ce que je pouvais faire,
Comme un ouvrier probe à l’heure du salaire.
Ta justice infaillible avec tranquillité.

GEORGES LAFENESTRE.