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Dès le 21 juillet, il écrivit au marquis d’Harcourt une première lettre destinée à être communiquée à lord Salisbury et qui rappelait d’abord l’entente intervenue sur l’affaire d’Egypte et sur la question du Liban. Il visait les conversations qui avaient eu lieu à Berlin, et il ajoutait :


Nous désirons, en conséquence, être assurés que, dans l’avenir comme actuellement, nos deux gouvernemens agiront de concert en vue de conserver intacts par une politique amicale, fondée sur un respect juste et réciproque, leurs intérêts respectifs dans la vallée du Nil. Telles sont les conditions sans lesquelles il me paraîtrait impossible de garantir la continuation des relations cordiales et franches entre la France et l’Angleterre. Lord Salisbury a admis les droits et les devoirs que nous tirons de la situation acquise par nous dans le Liban et il m’a déclaré qu’aucun acte du gouvernement anglais n’y porterait préjudice. Ses paroles n’ont pas été moins explicites en ce qui concerne l’Egypte. Il m’a déclaré adhérer entièrement aux idées que je lui ai exprimées quant à la part qui, dans l’avenir, écherrait à nos deux pays en cette région. Je puis ajouter que lord Beaconsfield, en plusieurs conversations, a adopté les mêmes vues et a tenu le même langage.


La communication fut faite au marquis de Salisbury, à Londres, le 22 juillet, et il répondit, le 7 août 1878 :


Je renouvelle très volontiers ces assurances de la part du gouvernement britannique. Le langage que j’ai employé est exactement reproduit dans la dépêche de M. Waddington, quoique je ne puisse répondre de toutes les expressions.


Ce fut ensuite le tour de la Tunisie. Le 26 juillet, M. Waddington écrit à l’ambassadeur de France à Londres :


Notre attention (celle de lord Salisbury et celle de M. Waddington) s’est portée sur la régence de Tunis. Lord Salisbury, venant spontanément au-devant des sentimens qu’il nous supposait, donna à entendre, de la manière la plus amicale et dans les termes les plus explicites, que l’Angleterre était résolue à n’opposer aucun obstacle à notre politique dans ce pays. D’après lui, ce serait à nous à régler à notre convenance la nature de nos relations avec le bey et à les étendre si nous voulions ; le gouvernement de la Reine acceptait d’avance toutes les conséquences que le développement naturel de notre politique pouvait avoir sur la destinée définitive de la Tunisie : — « Faites de Tunis ce qui vous paraîtra bon, dit Sa Seigneurie ; l’Angleterre ne vous fera pas d’opposition et respectera vos décisions. » A Berlin, le comte Beaconsfield me confirma ce langage ; et nous ne pouvons en conséquence douter de l’accord complet des vues des deux membres du gouvernement britannique en ce qui concerne cette question.