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de sa fille lui permettra de se passer de mes services. Elle éclata d’un rire ironique. Ah ! j’en ai assez, allez !

Le Fanois la regarda un instant avec une nuance de tristesse ; puis il reprit d’un ton gouailleur :

— Enfin, cette fois-ci on vous dotera peut-être, et je vous trouverai un beau parti.

Ils se regardèrent de nouveau ; puis elle dit en souriant :

— Ah ! la dot... la dot rêvée ! Combien me faudrait-il, croyez-vous, pour trouver un parti convenable ?

Il semblait réfléchir.

— Un parti convenable ? Pour soixante mille francs de rente je m’engage à vous trouver un homme qui vous adore.

Elle rougit légèrement, avec un petit ricanement incrédule.

— Un homme qui m’adore ? En existe-t-il ?

Trust me ! dit-il en se levant ; et en attendant, il est bien convenu, n’est-ce pas, que vous tâterez Mrs Smithers, tandis que moi je m’occuperai des Sestre ? Je crois que l’affaire est bouclée.


IV

Une dizaine de jours plus tard, les deux amis se retrouvèrent ; mais cette fois-ci, ce fut dans un des salons dorés de l’hôtel Smithers. Mrs Smithers et sa fille étaient parties en automobile pour la journée, et un coup de téléphone de Blanche avait prévenu le jeune homme qu’elle l’attendrait seule chez leurs amies.

— Eh bien ! cher collègue, dit-il, en serrant la main de la jeune fille, l’affaire a donc traîné de votre côté ? Du mien, c’est allé tout seul, je n’attendais qu’un signe de vous.

D’un geste, miss Lambart lui indiqua un fauteuil en face du sien.

— Ce signe, je n’ai pu vous le faire que ce matin. J’ai eu un rude combat à livrer.

— Un combat ? De quoi parlez-vous ? On ne veut donc pas de mon prétendant ?

— Mrs Smithers en voudrait, vous le devinez bien !

Elle eut un pâle sourire.

— Mais il paraît que Catherine a d’autres visées.

— Comment ! Cette petite sotte ? — il fronça les sourcils. — Mais alors ?