Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désolées que « lièvres et renards se disaient bonne nuit. » Les progrès dans l’élevage du bétail peuvent se marquer brièvement ainsi : de 1892 à 1906, en Posnanie, le nombre des chevaux s’est accru de 47 000 environ ; celui des bêtes à cornes de 165 000. Deux chiffres sont caractéristiques pour faire voir la direction de ce mouvement économique ; ils sont comme le signe d’une ère de répartition nouvelle de la propriété : le nombre des porcs a augmenté de 556 000, celui des moutons a diminué de 584000. D’une part donc, les foyers paysans se multiplient ; d’autre part, la bergerie seigneuriale, qui revendique tout un hinterland de terres incultes, se vide. Dans les trois districts de Marienwerder, Bromberg et Posen, la grande propriété au-dessus de 100 hectares a du fait du morcellement allemand ou polonais, perdu 210 000 hectares.

Le trafic des chemins de fer et le rendement de l’impôt ont doublé. Dans ces pays essentiellement agricoles, il ne s’est développé que les industries dépendant de l’agriculture, sucreries, distilleries, féculeries. En 1906, il y avait en Prusse occidentale 62 sociétés par actions, avec un capital de 67 millions ; en Posnanie, 37 sociétés avec 74 millions. Les fabriques privées, ayant un débit local, sont également peu nombreuses, comparativement à celles du reste de l’Allemagne. On en compte 4 215 occupant 62 000 ouvriers en Prusse occidentale ; 3 657 avec 50 000 ouvriers en Posnanie. La muraille douanière russe à l’Est et la concurrence de l’Ouest industriel ont empêché qu’aucun grand commerce se développât dans ces deux provinces. Cependant la circulation de l’argent y est intense. Elle est due à l’accroissement de la production agricole, au développement des institutions de crédit, à l’afflux du numéraire. L’Etat a répandu 350 millions, les colons en ont apporté 50, et de l’Ouest il n’est pas venu moins de 50 millions pour fructifier dans les établissemens de crédit. A Posen, de 1895 à 1905, la circulation a monté de 418 millions à 1 milliard 294 millions ; à Dantzig de 626 millions à 1 milliard 36 millions. La vieille ville hanséatique est donc dépassée par une ville entrée récemment dans le grand mouvement des affaires. L’ensemble des opérations de « la Banque de l’Est pour le commerce et l’industrie, » dont le siège est à Posen, était de 1 910 millions en 1901 ; de 4 433 millions en 1906.

Les colons eux-mêmes manipulent beaucoup d’argent. Sous