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Pologne : les associations de crédit dont le nombre dépassait 150 à la fin de 1907 ; une quarantaine d’associations d’achat et de vente, fondées depuis 1900 ; une dizaine d’associations de parcellarisation. Le mot d’ordre du patron est : guerre à l’usure, usure dans le crédit, usure dans le commerce des marchandises agricoles, usure dans la vente des terres. Les ressources financières des associations aboutissent à un réseau de banques formé par une centaine de petites banques, vingt banques moyennes, sept grandes banques et une banque centrale. La petite banque de Santomischel, fondée en 1888, a un capital de 100 000 marks et 500 000 marks de dépôts. La banque moyenne de Wreschen a un capital de 200 000 marks et 1 million de dépôts. La banque moyenne de Mogilno a un capital de 100 000 marks et 1 250 000 marks de dépôts. Les sept grandes banques dont le siège est à Ostrowo, Krotoschin, Schrimm, Schroda, Gnesen, Hohensalza et Löbau, manipulent, à elles seules, près de vingt millions de marks. Le nombre des sociétaires de chacune de ces banques varie entre 1 200 et 2 200. La Banque centrale de Posen, fondée en 1886, fut la première réponse aux discours de Bismarck contre les Polonais. En quelques jours, 500 000 marks furent souscrits et versés par les associations, les industriels et les commerçans. En 1904, à la demande du patron Wawrziniak, le capital action fut porté à trois millions, dont les deux tiers devaient être pris par les associations, afin de garder la prépondérance sur les actionnaires privés ; toutes ont aujourd’hui leur compte courant à la Banque centrale. Le conseil d’administration se compose de neuf membres, dont six nommés par l’assemblée générale et trois par le patronat de l’Union. Son pouvoir est subordonné à celui du directeur, conformément au principe stratégique de l’unité de commandement. Pendant vingt ans, de 1886 à 1906, la Banque centrale fut dirigée par le docteur Kuszetelan, une victime des lois de 1873. Le Kulturkampf tira ce petit professeur d’un gymnase prussien, pour en faire un des personnages marquans dans ce combat de nationalités. Il a joué un rôle considérable dans le développement de Posen, mais il a surtout utilisé ses moyens d’action à faire passer des terres allemandes en mains polonaises. Pour les achats de grande étendue, il s’est servi de deux intermédiaires, la banque de parcellarisation, et le spéculateur de biens, Martin Biedermann ; adversaire fameux de