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LA CRISE DE L’ÉTAT MODERNE

L’ORGANISATION DU TRAVAIL

EXPLICATIONS ET DÉFINITIONS


I. — LE GRAND PÉCHÉ DE LOUIS BLANC

Au moment de reprendre la publication de ces études, interrompue trop longtemps par d’autres soins, il me faut rappeler où nous en sommes. L’État moderne est le produit d’une double révolution, politique et économique, dont les deux principaux agens sont le Nombre et le Travail, le suffrage universel et la grande industrie. — Sous l’effort convergent des faits, des idées et des lois, se poursuit, d’un mouvement insensible, mais continu, une modification profonde de cet État, qui va jusqu’à sa transformation. — Toute crise se résout en une organisation : la crise de l’État moderne doit donc se résoudre, tôt ou tard, politiquement, dans l’organisation du suffrage universel, économiquement, dans l’organisation du travail.

Mais ne me faut-il pas d’abord expliquer à nouveau ce titre même : l’Organisation du travail[1] ? J’avais cru que c’était assez de quelques précautions oratoires, pour échapper au grief de retomber dans l’ancienne erreur et de vouloir recommencer une expérience demeurée tristement fameuse. Il paraît que non, que l’on a encore, que l’on peut ou que l’on pourrait avoir

  1. Les quatorze articles dont se compose le tome Ier (1 vol. in-8, Plon) ont d’abord paru ici même, de 1900 à 1904.