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« C’est seulement par des reconnaissances offensives que la situation peut être éclairée. »

Depuis vingt années que l’enseignement de l’Ecole supérieure de guerre repose sur la critique historique des campagnes modernes, on pouvait croire que l’expression « reconnaissance offensive » relevait uniquement de l’archéologie.

Une reconnaissance, quelle qu’elle soit, comporte la marche à l’ennemi, puis le retour au point de départ, mais lorsqu’il s’agit d’une reconnaissance offensive composée de grandes unités, le retour est très dangereux.

L’ordre général du parti bleu pour la journée du 14 septembre dit que les troupes devant atteindre leurs nouveaux cantonnemens à six heures et demie du matin, en partiront, à sept heures, pour exécuter des reconnaissances offensives, celles du 4e corps au Sud-Est, jusqu’à la ligne : Préaux-Heugnes-Jeu Maloches, celles du 5e corps, à l’Est, vers le Nahon sans le dépasser, et qu’à ces deux corps d’armée, la rupture du combat aura lieu à dix heures et demie, rupture suivie du retour aux cantonnemens atteints mais non occupés le malin à six heures et demie.

On ne doit pas prescrire une rupture de combat longtemps à l’avance pour une heure déterminée, attendu que cette opération toujours fort délicate, si elle est possible, à certain moment, d’après la tournure du combat, ne l’est plus à tel autre, à moins d’affronter un désastre.

Pour reconnaître les dispositions de l’ennemi au moyen d’un combat, on engage les avant-gardes, vers la fin de l’après-midi ou dans la soirée, de façon à éviter, ce jour-là, une bataille véritable. On fait ensuite, la nuit suivante, les modifications au dispositif général, qui ont été jugées nécessaires.

Le commandant du parti bleu pouvait, en la circonstance, demander, le 13, au général directeur que la manœuvre du 14 fût arrêtée à dix heures du matin et, par compensation, reprise le soir à cinq heures.

Si cette proposition eût été acceptée et communiquée sous forme impérative aux deux partis, on aurait vu les avant-gardes du parti bleu se porter en avant et attaquer sur tout le front ennemi jusqu’au moment où l’obscurité aurait mis fin aux engagemens. C’est ainsi que doit se faire une reconnaissance offensive, parce qu’elle est sans danger pour l’ensemble et très efficace en raison des données qu’elle procure sur la répartition des forces ennemies.