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200 mètres de la ligne des tireurs et, par suite, interviennent dans l’exécution de détails très au-dessous de leur grade. À cette pratique il y a de nombreux inconvéniens, dont le moindre n’est pas celui-ci : que diront les soldats à la guerre, lorsqu’ils ne verront plus auprès d’eux leurs généraux ?

Les manœuvres du Centre ont avantageusement donné aux chefs de-tout grade l’occasion de commander à dc& unités, numériquement, très fortes (200 hommes, et plus, par compagnie) et de mettre ainsi leur coup d’œil tactique au diapason des forces qu’ils auraient à diriger sur un vrai champ de bataille.

Les officiers, les jeunes surtout, sont en progrès sous le rapport tactique, en ce sens qu’ils savent prendre, mieux qu’autrefois, des décisions adéquates aux circonstances, mais il y a encore beaucoup à faire pour que la tactique pratique soit pour eux comme une seconde nature.

Les troupes ont, de nouveau, fait preuve, à ces manœuvres, des qualités d’endurance, d’entrain, de bonne humeur qui sont un peu l’apanage du soldat français. L’infanterie est en voie de progrès. Aux évolutions compassées d’autrefois ont succédé des mouvemens simples, permettant le modelage rapide des formations sur le terrain. Certains régimens, bataillons et compagnies sont devenus très manœuvriers. En général, les tireurs se montrent trop et les officiers ne prennent pas assez de précautions pour masquer les réserves et les amener, au moyen de cheminemens défilés, sur de nouveaux emplacemens à l’abri des vues de l’ennemi. Au début de l’action, l’échelonnement des unités n’a pas une profondeur suffisante.

Dans beaucoup de régimens, on emploie en toutes circonstances, pour progresser sous le feu, la méthode dite « par infiltration, » au lieu d’en réserver l’usage aux cas particuliers où elle s’impose et d’avoir recours, dans chacun des autres cas, à un procédé différent. Pendant les combats de feux, les tireurs, formant une ligne généralement assez dense, ont fréquemment creusé, par ordre, des abris de tirailleurs, mais il ne nous a pas été donné de voir des positions solidement retranchées.

Notre fantassin, dès que l’action est engagée, se montre vif, leste, ardent, infatigable. À l’instar du cheval de pur sang, il somnole, au repos ; mais, vienne une forte excitation, on le voit se transformer, instantanément.