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UNNE CONTRIBUTION Á L’HISTOIRE
DU
SENTIMENT RELIGIEUX EN FRANCE


Pascal et son temps, par Fortunat Strowski, professeur à l’Université de Bordeaux, 3 vol. in-12 ; Plon.


Pascal a dit que « la dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première. » La chose que M. Strowski avait à mettre la première et qu’il trouvera peut-être en finissant, ne serait-ce pas la définition du « sentiment religieux, » dont il a commencé l’histoire, il y a plusieurs années, par une thèse excellente sur saint François de Sales ? Il continue aujourd’hui cette histoire en nous parlant de Pascal et de ce qui l’avoisine ; mais il n’est guère probable qu’elle ait son achèvement dans un troisième ouvrage « en préparation » sur Fénelon ; car le sujet est si vaste qu’il est peut-être dans sa nature de n’avoir point de terme ni de cadre nettement circonscrit.

Qu’est-ce que le sentiment religieux ? La question ne paraîtra pas inutile, si l’on songe à l’usage peut-être indiscret qu’on fait aujourd’hui de ces deux mots pour désigner par eux un substitut des religions positives, un équivalent, un synonyme de la religion même, et pour s’en contenter. Il semble tout d’abord que « sentiment religieux » doit signifier autre chose que « foi chrétienne. » Cela serait élémentaire, si c’était un fait incontesté que le christianisme n’est pas la seule religion.