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dans ses livres ; mais le plus souvent il l’a seulement suggérée, ou mieux encore, il l’a fait circuler à travers toute son œuvre comme une sève. Aussi, grâce à cette vie qui en rend l’expression si frappante et si vraie, son idéalisme est assuré de porter longtemps de beaux fruits. Je voudrais, en terminant cette étude, citer un sonnet de M. van Dyke intitulé Vie, et dans lequel, sous une forme serrée et robuste, se résument son existence et son œuvre :


Je veux vivre ma vie, année après année, — Avec un visage qui regarde en avant et une âme qui n’hésite pas ; — Sans me hâter vers le but, et sans m’en détourner jamais ; — Sans gémir sur les choses qui disparaissent — Dans le passé confus, sans reculer d’effroi — Devant celles que l’avenir tient voilées ; mais de tout mon cœur, — Et de toute ma force d’être heureux payer le droit de péage — A la Jeunesse, puis au Déclin, et continuer ma route en paix.

Car alors, que le chemin qui enlace la colline monte ou descende — Qu’il soit rude ou facile, la journée sera douce — Si, continuant à poursuivre ce que je cherchais lorsque je n’étais qu’un enfant, — La vie haute, l’amitié vraie et la récompense promise, — Mon cœur garde le courage de sa tâche, — Et l’espérance que le dernier tournant de la route sera le meilleur.


De tels vers, exprimant un idéalisme aussi élevé, aussi simple et aussi sûr de lui-même, ne répondent sans doute pas à la mentalité moyenne de tous les citoyens des Etats-Unis ; et cependant, écrits et vécus par un New-Englander de vieille souche, descendant des hommes qui ont le plus fortement façonné l’esprit de ce pays, ils sont réellement représentatifs de la meilleure part au moins de l’âme et de la littérature américaines ; et c’est tout à l’honneur de M. van Dyke comme de sa patrie.


E. SAINTE-MARIE PERRIN.