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de Posnanie et de Prusse occidentale, tandis que nous voulons aller plus loin[1]. »

Le gouvernement déclara à la Chambre des députés que la loi visait surtout les étrangers, propriétaires dans l’Est. Mais, objectait-on, il y a quelque danger à traiter les étrangers autrement que les Allemands, car ceux-ci sont sujets à représailles de la part des pays où ils possèdent des biens[2]. « Quel cri d’indignation ne pousserait-on pas chez nous, si la Russie faisait une loi d’expropriation contre les Allemands des provinces baltiques[3] ! »

En réalité, de quoi s’agit-il ? De sauver la Commission de colonisation. Les journaux qui font campagne pour la continuation de la politique contre les Polonais, assurent que l’expropriation signifie sauvetage de la bureaucratie prussienne d’une défaite morale. Si le gouvernement n’était pas intervenu à temps, tout le monde aurait dit : Ce que la bureaucratie prussienne a fait ou laissé faire par manque d’intelligence ou par faiblesse, dans cette question nationale vitale, démontre clairement que son rôle est fini en Prusse et en Allemagne[4]. Sans doute la Commission de colonisation a fait de grandes choses, mais tout le monde en aurait fait autant, avec les fonds considérables mis à sa disposition, fonds qui proviennent de l’impôt, impôt que les Polonais paient aussi bien que tous les autres sujets prussiens ; ce qui fait naître chez eux des sentimens compréhensibles et les dispose à écouter les agitateurs[5]. En somme, d’après la quantité et la provenance des terres achetées, elle a remplacé des Allemands par des Allemands. Elle continuera. Avec des « raisons techniques, » elle justifiera toujours ses plans, bons ou mauvais, et nous fera tout accepter[6].

Si l’on veut consolider et fortifier le germanisme dans les marches de l’Est, il faut y créer un corps de fonctionnaires exempts de préoccupations bureaucratiques et qui ne considèrent

  1. Chambre des députés, Stenog. Ber., 16 janvier 1908, p. 665 (comte Praschma, centre).
  2. Bericht der IX Kom., p. 40.
  3. Chambre des seigneurs. Stenog. Ber, 26 février 1908, p. 54 (comte de Mirbach-Sorquitten).
  4. Chambre des députés, Stenog. Ber., 29 novembre 1907, p. 61 (Dr Porsch, centre).
  5. Chambre des 8eigneurs, Stenog. Ber., 26 février 1908, p. 53 (comte de Mirbach-Sorquitten).
  6. Bericht der IX Kom., p. 83.