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pas leur poste comme un moyen rapide de parvenir[1]. Il vaudrait encore mieux confier cette mission aux corps provinciaux, mettre les fonds à la disposition des communes, des comités de cercle qui sauraient en tirer un meilleur parti qu’une bureaucratie centralisée. Ces forces locales seraient une protection plus efficace pour les Allemands et une digue plus solide contre les Polonais[2].

On démontre, avec des chiffres empruntés aux statistiques de mutations des biens et de dénombrement de la population la nécessité de porter secours au germanisme menacé. En ce qui concerne la mutation des biens, on assure que, en onze ans, de 1896 à 1906, cent mille hectares sont passés des mains allemandes en mains polonaises et le chancelier de l’Empire se demande ce qui serait arrivé sans l’activité de la Commission de colonisation. Soit ; mais d’autres chiffres permettent de mesurer la faute commise par les instigateurs de la politique de colonisation. Le 22 février 1886, lors de la discussion de la loi de colonisation, le ministre de l’Agriculture disait : « Dans les vingt-cinq dernières années, 225 922 hectares sont passés des mains polonaises aux mains allemandes, et 30 358 hectares des mains allemandes aux mains polonaises. Ce qui fait, en vingt-cinq ans, une diminution de 195 537 hectares pour la propriété polonaise. » Il n’y avait donc qu’à « laisser faire » et à « laisser passer, » à surveiller le cours des choses pour en bénéficier, mais on a jeté les millions dans l’Est. C’est l’argent allemand qui a créé la situation actuelle : la puissance économique des Polonais[3]. On fonde de grandes espérances sur le projet de loi pour accroître la population allemande et lui donner la prépondérance sur l’élément polonais : elles seront déçues, car le mal a des racines qui ne sont pas simplement polonaises. Les Allemands de l’Est comparent leur situation avec le traitement de faveur dont les colons sont l’objet. Ces bâtimens, ces églises augmentent les charges de tous, même de ceux qui ne participent pas à la distribution de la manne. Vienne une mauvaise récolte, une année difficile, le mécontentement active l’émigration

  1. Chambre des seigneurs, Stenog. Ber., 30 janvier 1908, p. 32 (comte de Tiele-Winckler).
  2. Bericht der IX Kom., p. 29.
  3. Chambre des députés, Sten. Ber., 29 novembre 1907, p. 59 (Dr Porsch, centre).