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est de 3 000 mètres ; ce sera le rôle de contre-batteries, au nombre de 15, une par 200 mètres ;

3° Il faut en outre craindre la contre-attaque de l’ennemi sur les deux flancs : 9 batteries de flanquement recevront mission d’y parer ;

4° Enfin une dizaine de batteries, dites d’accompagnement, seront prêtes à se lancer sur la position dès que l’infanterie y arrivera, afin de l’aider à résister au retour offensif que l’ennemi pourrait prononcer.

Soit au total une soixantaine de batteries à 4 pièces ou une quarantaine à 6 pièces. Pour que toutes ces tâches soient bien remplies, il faut qu’elles soient judicieusement réparties. Dès que l’attaque d’infanterie se déclenchera, le feu des batteries d’infanterie va prendre une grande intensité. Chacune d’elles a sa zone dans laquelle il lui faut battre non seulement les points d’appui défendus par l’ennemi, mais aussi le terrain en arrière sur une profondeur suffisante pour empêcher tout renforcement par les réserves de l’adversaire. Pour ceux qui connaissent les effets terrifians du shrapnel, il est évident que tout renforcement des points d’appui sera impossible. Quant aux défenseurs dans leurs abris, ils n’auront qu’à se terrer et, se lèveraient-ils pour tirer, que la fumée épaisse qui les enveloppe rendrait leur tir inefficace. Ces feux d’attaque, d’une intensité croissante, seront continus jusqu’au moment où l’infanterie abordera l’ennemi à la baïonnette. Aussitôt après, ces mêmes batteries d’infanterie vont continuer leur tir et battre avec la même énergie le terrain au delà de la crête, sur tout le front, sur une profondeur de 400 à 500 mètres, afin de protéger l’infanterie contre les retours offensifs qu’on doit craindre.


Chaque contre-batterie aura une fraction bien déterminée de crête à surveiller et, dès qu’une lueur apparaîtra, elle exécutera un tir rapide, dont la fumée, à défaut d’effet matériel, aveuglera certainement l’artillerie adverse et l’empêchera de tirer utilement, fût-elle même à défilement complet. La fumée devient un des plus puissans auxiliaires de l’offensive. Ma conviction est que, dans une attaque appuyée de la sorte, l’assaillant aura fort peu de pertes à supporter pendant sa marche ; tous ceux qui ont vu exécuter des tirs d’attaque, même beaucoup moins vigoureux, partageront cette opinion.