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nirs ; mais le lendemain, pour peu que le gouvernement ail la sagesse de donner quelques satisfactions apparentes, les choses rentrent dans le calme, nous allions dire dans l’ordre, et continuent de marcher comme auparavant. On a voulu, en somme, mettre un bâillon sur la bouche de l’Empereur : cela fait, on a jugé la satisfaction suffisante, au moins pronsoirement.

Toutefois, une discussion a eu lieu. Le chancelier n’y a pas assisté, ce qui aurait été difficilement accepté ailleurs qu’en Allemagne, puisque c’était lui qui était en cause, et qu’il s’agissait d’organiser sa responsabilité devant le Parlement. Il aurait eu, semble-t-il, quelque chose à dire, et certainement il l’aurait dit s’il avait pris la discussion tout à fait au sérieux ; mais il a dû être rassuré quand il a vu que les propositions des divers partis s’opposaient les unes aux autres et que, dès lors, aucune n’avait chance de s’imposer avant longtemps. M. de Bülow n’a donc pas paru, mais il a envoyé à sa place M. de Bethmann-Hollweg, secrétaire d’État à l’office impérial de l’Intérieur, et l’a chargé de faire connaître la manière de voir du Conseil fédéral. M. de Bethmann-Holweg ne l’a probablement pas fait connaître tout entière ; il a même été très discret ; mais il a été en même temps, envers le Reichstag d’une courtoisie prévenante et pleine d’encouragemens, qui devait désarmer les hostilités, s’il en existait encore. Il a dit que la revision de la Constitution était une chose importante, grave, qui ne saurait être l’objet de trop de réflexions, et que le Conseil fédéral, avant d’en délibérer lui-même, désirait savoir ce que le Reichstag en pensait, comment il la concevait, enfin quelles solutions il proposait. C’est pour cela que M. de Bethmann-Holweg était venu assister aux délibérations du Reichstag, dont il rendrait compte au Bundesrat avec une absolue fidélité.

Le Reichstag s’est aperçu sans doute qu’il n’était pas en mesure de délibérer très utilement, et même que sa déUbération risquait de se convertir en une véritable cacophonie. En conséquence, il a pris le parti que prennent toujours les assemblées dans l’embarras : il a décidé de nommer une Commission à laquelle seraient renvoyées toutes les propositions de revision constitutionnelle, et qui aurait pour tâche de les mettre d’accord. C’est ce qu’on appelle irrévérencieusement, mais quelquefois justement, un enterrement de première classe : on y met en effet toutes les formes. Il ne sortira sans doute pas grand’chose de la procédure adoptée par le Reichstag, ou, s’il en sort quelque chose, ce sera dans un temps assez long pour que les incidens d’hier aient été déjà un peu oubliés : à moins que quelque faute nou-