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fluviales, » l’envoi d’une mission fortement organisée était décidé.

Depuis le mois de mai 1893, sur une démarche du groupe colonial de la Chambre, le commandement de cette expédition, qui devait comprendre plusieurs centaines de tirailleurs sénégalais et avoir à sa disposition des bateaux démontables, était confié au lieutenant-colonel Monteil. Plus d’une année s’était écoulée ; les Sénégalais et les officiers placés sous les ordres du lieutenant-colonel, le capitaine Decazes, le lieutenant Julien, étaient sur le M’Bomou. Toutefois le chef de l’expédition était resté en Europe.

Après le vote des Chambres, il fallait agir : le colonel Monteil s’embarque, le 17 juillet, avec plusieurs officiers ; il devait prendre 150 Sénégalais à Dakar et rejoindre son poste. Mais l’arrangement avec l’État Indépendant ayant été signé le 14 août 1894, le colonel Monteil, au lieu de gagner le Haut-Oubanghi, est arrêté par des instructions nouvelles, le 12 septembre, à Loango. Il est envoyé à la Côte d’Ivoire pour s’épuiser en une pénible campagne contre Samory : « Les 1 800 000 francs votés par les Chambres pour améliorer les communications entre la côte et le Haut-Oubanghi furent dépensés à Loango et sur la Côte d’Ivoire[1]. »

Pour la seconde fois, un projet de mission, décidé par le gouvernement avec le concours du parlement et à une époque encore opportune, avortait. Si le colonel Monteil eût été sur les lieux dès 1895, trois ans avant Marchand, alors qu’aucune action par l’Egypte n’était même prévue, n’est-il pas évident que les événemens eussent tourné autrement ?

Toutefois, une certaine suite fut donnée aux premières intentions du gouvernement. En septembre 1894, M. Liotard fut nommé commissaire dans le Haut-Oubanghi avec mission d’étendre ses relations dans le Bahr-el-Ghazal et jusqu’au Nil : « C’est moi, dit plus tard M. Delcassé (il était alors ministre des Colonies), qui ai envoyé M. Liotard dans l’arrière-Oubanghi, en lui désignant le Nil comme terme de sa mission. » Mais le projet primitif était singulièrement diminué ; les moyens d’action laissés à M. Liotard étaient trop insuffisans pour

  1. De Caix, Fachoda, p. 123. — Voyez la discussion, dans la séance de la Chambre des députés, du 2 mars 1895.