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Cependant, à Paris, les négociations se poursuivaient avec l’Angleterre.


C’est un fait acquis historiquement que toute expansion coloniale de la France a été vue, en Angleterre, avec inquiétude et humeur. Pendant longtemps, l’Angleterre a pensé que, pour la domination des mers, elle n’avait pas d’autre rivale à considérer que la puissance douée, par la nature, du triple développement côtier de la Manche, de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée.

Quand, à partir de 1880, la France, poussée par les circonstances et stimulée par le génie initiateur de Jules Ferry, entreprit de reconstituer son domaine colonial démembré, elle rencontra, du même côté, les mêmes résistances.

En Egypte, en Tunisie, à Madagascar, en Indo-Chine, même au Congo, même en Océanie, c’est l’Angleterre qu’elle trouve toujours devant elle. Pour les générations actuelles, ces faits sont de l’histoire déjà vieille ; mais, pour le public de 1894, ils étaient réalité vivante et émouvante. L’affaire d’Egypte, notamment, apparaissait comme un post-scriptum douloureux et imprévu du traité de Francfort. La presse et le parlement ne cessaient de stimuler l’« inertie » du gouvernement. La discussion des budgets des Affaires étrangères n’était qu’une longue objurgation.

Le parti colonial, que ses premiers succès enflammaient, s’exaspérait contre cette opposition qui se dressait partout contre ses desseins. Une agitation énervante, — assez vaine d’ailleurs, — menaçait, des deux côtés de la Manche, les relations entre les deux pays.

Au même moment, l’Angleterre, inquiète de ce réveil des questions extra-européennes qui, depuis le XVIIIe siècle, paraissaient réglées à son profit, l’Angleterre s’ébranlait. Sa politique d’expansion africaine prenait un caractère de hardiesse imprévue ; elle avait conçu un triple dessein : se poser en héritière des possessions portugaises, détruire l’indépendance des républiques sud-africaines, s’installer définitivement en Egypte et sur le canal de Suez.

Une conception, une formule gigantesque, digne de