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de Justus Perthes d’octobre 1891, seront exclus de la sphère d’intérêts de l’Allemagne[1]. »

Toujours le même procédé : des négations tendancieuses et mal définies. L’Allemagne et l’Italie n’avaient que faire dans ces problèmes si éloignés de leurs champs d’opération. Ces clauses visaient, indirectement, une puissance tierce : c’était leur objet unique.

A quel titre l’Angleterre traitait-elle pour le Nil ? Elle occupait l’Egypte, il est vrai ; mais un fait ne constitue pas un droit. Même, sans tenir compte des déclarations, multipliées par le gouvernement anglais, sur le caractère précaire de l’occupation, M. Gladstone n’avait-il pas affirmé, officiellement, devant la Chambre des communes que « la frontière de l’Egypte était ramenée jusqu’à Ouady-Halfa, à la deuxième cataracte du Nil[2]. »

Voilà une base positive et qui, appuyée elle-même sur un fait, l’abandon, sur le conseil de l’Angleterre, de ces régions, occupées par l’Egypte pendant dix ans seulement, affaiblissait singulièrement toute prétention exclusive sur ces provinces.

L’arrangement anglo-congolais éclate en mai 1894 : on comprend, maintenant, sa raison d’être : il bouclait, en quelque sorte, la négociation africaine. Poursuivant le travail élaboré avec l’Allemagne et le Portugal, il achevait, dans le Nord, ce qui avait été si heureusement commencé, dans le Sud et le Centre, par la série des actes précédens.

La France, évincée, sur le papier, des territoires du Haut-Oubanghi, qui lui appartiennent incontestablement, écartée de la question du Nil sans autre forme de procès, doit-elle rester sous le reproche d’avoir pratiqué « la politique des coups d’épingle, » quand c’est elle qui l’a subie ?

En 1894, comme en 1893, comme en 1890, ainsi qu’on l’avait fait à Zanzibar, dans l’Ouganda, sur le Niger, on espérait l’opérer de ses droits et de ses titres, par un simple geste. Lord Rosebery était alors aux affaires : c’était le grand maître de la politique impérialiste. Il traitait la France comme on avait fait le Portugal. Si la France avait cédé, cette fois encore, les victoires

  1. Voyez le texte dans le Bulletin de l’Afrique française de décembre 1893, (P. 9).
  2. Sur les origines et la portée de cette déclaration, voyez Freycinet, la Question d’Egypte (p. 395).