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ripostèrent au home-rule, à l’émancipation politique de l’île d’Erin, en affranchissant économiquement le paysan irlandais, et favorisèrent par leur loi de 1892 la création de petites exploitations rurales, ils ont préparé les instrumens législatifs, à l’aide desquels les disciples, — singulièrement infidèles, — du libéralisme classique, tentent aujourd’hui de battre en brèche ce monopole foncier, qui réserve à 2 000 personnes la libre possession de la moitié du sol sur lequel flotte le drapeau anglais.

En donnant au fermier, par l’Agricultural Holdings act de 1905, pour réparer les bâtimens et varier les cultures, pour obtenir le remboursement des pertes que lui ont causées les chasses gardées et « les troubles apportés à sa jouissance, » des garanties et des libertés, même si son bail porte des clauses contraires, les communes radicales ont voulu introduire, en Angleterre, le principe irlandais des deux propriétés superposées, celles du tenant et du landlord. Une loi étendait même à l’usufruitier écossais tous les avantages accordés aux locataires irlandais. La Chambre des Lords a pu assurer aux propriétaires fonciers un sursis ; mais il lui a été impossible de leur épargner une seconde épée de Damoclès. Le Roi, lui-même, n’a-t-il pas dû s’incliner devant, le zèle radical de lord Carrington ?

En vertu du Crown Lands Act de 1907, le ministre de l’Agriculture a été chargé d’administrer 24 800 hectares, qui constituent l’apanage d’Edouard VII. Le nouveau gérant, avec ou sans le consentement du Souverain, s’est hâté de morceler ces vastes domaines. Alors qu’au nombre des tenanciers du Roi, on ne comptait que 44 petits exploitans, une seule terre, dans le Cambridgeshire, a été divisée entre 75 usufruitiers ; une autre dans le sud du Lincolnshire a trouvé 87 preneurs. Ce morcellement des domaines de la Couronne a créé une nouvelle catégorie d’agriculteurs, — jusqu’alors inconnue, — les petits fermiers de l’Etat, les paysans à vie. Le Small Holdings and Allotments Act de 1907 en accroît le nombre. Les Conseils généraux devront mettre à la disposition des journaliers, qui le demanderont, des exploitations rurales de 2 (allotments) et de 20 hectares (holdings). Si leurs réclamations restent sans réponse, des Commissaires, désignés par le Ministre, se substitueront aux corps élus. Commissioners ou County-Councillors, à l’aide d’emprunts, qui devront être amortis dans quatre-vingts ans, à l’aide aussi de subventions annuelles de l’Etat, — la première est de 2 500 000 francs,